États-UnisLa Cour suprême refuse d’imposer le vaccin en entreprises
Le président Joe Biden a connu jeudi un camouflet de la part de la Cour suprême, qui ne veut pas de la vaccination obligatoire dans les entreprises de plus de 100 employés.
La Cour suprême des États-Unis a bloqué jeudi la décision de Joe Biden d’imposer le vaccin anti-Covid dans les entreprises de plus de 100 salariés, infligeant un revers de taille au président démocrate et minant ses efforts pour endiguer la pandémie. La haute juridiction a en revanche validé l’obligation de vaccination pour les employés des structures de santé qui bénéficient de fonds fédéraux.
Aux États-Unis, où le virus a fait plus de 845’000 morts, seulement 62% de la population est totalement vaccinée en raison de fractures politiques très marquées sur la question. Après des mois à tenter de convaincre les réticents, Joe Biden avait annoncé en septembre vouloir rendre la vaccination obligatoire pour les employés de grandes entreprises, du secteur médical et les fonctionnaires fédéraux.
Au pays des libertés individuelles, sa décision avait immédiatement été dénoncée comme un abus de pouvoir par les élus républicains et par une partie du monde économique. La Cour suprême leur a donné raison jeudi, au moins en ce qui concerne les quelque 84 millions de personnes employées dans des entreprises comptant plus de 100 salariés.
L’administration leur a «ordonné de se faire vacciner contre le Covid ou de subir des tests toutes les semaines, à leurs propres frais. Ce n’est pas l’exercice quotidien du pouvoir fédéral, mais une intrusion dans la vie et la santé d’un large nombre d’employés», a-t-elle écrit dans son arrêt. La décision a été prise avec une majorité de six magistrats sur neuf, tous conservateurs. Dans un texte distinct, les trois juges progressistes de la Cour les ont accusés d’avoir agi «en dehors de leur champ de compétence et sans base légale».
Joe Biden «déçu»
«Je suis déçu que la Cour suprême ait choisi de bloquer une requête de bon sens, susceptible de sauver des vies», a commenté Joe Biden qui a fait de la lutte contre la pandémie une des priorités de son mandat. Les experts se sont montrés encore plus pessimistes. «Cette décision va entraîner plus de souffrances, de morts et d’hôpitaux débordés», a ainsi tweeté Ashish Jha, chercheur en santé publique à l’Université Brown. Les républicains, à l’inverse, jubilaient.
«La liberté a gagné!» a tweeté l’ancien vice-président républicain Mike Pence, illustrant un point de vue largement partagé à droite selon lequel il revient aux individus de choisir les moyens de leur protection aussi bien sur le port du masque que sur le vaccin. «Nous sommes fiers que la Cour suprême ait résisté», a renchéri l’ancien président Donald Trump, qui, au cours de son mandat a nommé trois juges au sein du temple du Droit américain.
Certaines associations professionnelles ont également salué une «immense victoire», tout en tendant la main au gouvernement démocrate. «Nous appelons l’administration Biden à (…) travailler avec les employeurs, les employés et les experts de la santé sur les moyens concrets d’augmenter les taux de vaccination et de ralentir les contaminations», a déclaré David French, de la Fédération nationale des commerçants.
Petite consolation pour le président: la Cour suprême a validé, avec les voix des trois juges progressistes et deux conservateurs, l’obligation vaccinale dans les centres de soins, qui concerne environ 10 millions de personnes. «Faire en sorte que les centres de soins prennent des mesures pour éviter de transmettre à leurs patients un virus dangereux est un principe fondamental de la profession médicale: d’abord, ne pas causer de mal», ont-ils justifié dans leur arrêt.