CultureBienne: le bœuf dérobé revient aux abattoirs
La sculpture fixée sur le fronton d’un bâtiment historique a réapparu mystérieusement, quasi vingt ans après sa disparition.
![Vincent Donzé](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/751d7ea0-c3b6-4a27-8383-dcc473c55bb5.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=5391b0d5c1ef3f2e4412468145cfbd47)
Revendiqués par une association culturelle, les anciens abattoirs de Bienne ont vécu un moment magique, samedi après-midi: descellée il y a presque vingt ans, la tête de taureau fixée sur le fronton a réapparu. Sa présentation a été faite samedi après-midi en présence de la conseillère municipale biennoise Silvia Steidle (PLR), directrice des Finances.
Rapiécés de bric et de broc, selon l’expression d’un locataire d’un entrepôt, les anciens abattoirs sont dans la ligne de mire d’une association à vocation culturelle. «Mieux vaut un projet culturel qu’une démolition au profit d’un promoteur immobilier qui construira deux blocs», jugeait au printemps dernier un locataire présent depuis 23 ans.
Marquée «Wanted»
Il y a six mois, le groupe d’intérêt «Abattoirs de Bienne» avait placardé une affiche marquée «Wanted», à l’occasion de la journée d’information sur le site des abattoirs. Plusieurs pistes ont été suivies sans succès, jusqu’à cette invitation parvenue au matin.ch: «Depuis quelques jours, nous avons une piste brûlante», indiquait Gabriela, au nom de l’association.
«À un moment donné, la tête de taureau avait disparu. Nul n’a pu dire exactement quand et comment. Un jour, elle n’était tout simplement plus là…», raconte Gabriela. Dernière preuve de sa présence: une photo en noir et blanc pris par en 1992 par le photographe Heini Stucki. Ce document s’est retrouvé sur l’avis de recherche lancé l’an dernier.
Dossier ouvert
«Le dossier Tête de Taureau était ouvert», rapporte Gabriela. De soupçons en suppositions, l’association a fait chou blanc: «Nous avons reçu quelques renseignements de la population de la région de Bienne, mais ils se sont tous avérés être faux», rapporte-t-elle.
«Nous avions presque abandonné. Nous nous étions résignés à l’idée qu’elle avait disparu à jamais, qu’elle avait peut-être été vendue à l’étranger. Ou même refondue, dans le sillage de la hausse des prix des métaux», poursuit Gabriela.
Jusqu’à une ultime tentative: un avis de recherche diffusé sur les médias sociaux. Parmi plusieurs «fake news», un courrier crédible expliquant que la tête de taureau a été sauvée d’une démolition des abattoirs en cas de réalisation du contournement autoroutier, projet abandonné l’an dernier.
L’aide des pompiers
«Vous m’avez cherché longtemps en vain…», a écrit le détenteur de la sculpture, Comment est-il parvenu à déceler la tête de taureau? «Avec l’aide des pompiers», répond-il en se présentant comme un sauveur.
Samedi, c’était l’ouverture au public de l’Espace N° 1 ouvrira ses portes au public Ce local se veut un lieu «où les gens peuvent concrétiser leurs idées, leurs projets et leurs visions». «Tout (ou presque) est possible à la rue de Morat 70, dans l‘Espace N° 1», proclament les initiateurs.
Le site des abattoirs de Bienne a connu cette année de nombreux changements. À l’occasion d’une visite sur place, Silvia Steidle, directrice des finances de la ville de Bienne, annonce qu’elle rêve elle aussi d’un lieu de rencontre vivant.
Entreprise municipale
Autrefois, les abattoirs dépendaient de la direction de la police municipale. Plus tard, et jusqu’à l’arrêt des activités d’abattage en 1992, ils étaient considérés comme une entreprise municipale. Aujourd’hui, Silvia Steidle, directrice financière de la ville de Bienne, est la responsable du site des abattoirs.
Avec sa collègue Glenda Gonzalez, conseillère municipale en charge de la formation, de la culture et du sport, Silvia Steidle a soutenu la communauté d’intérêts du Centre culturel des abattoirs dans la conclusion du contrat de location de l'«Espace 1».
Axe Ouest
La reconversion des abattoirs est une question qui se pose depuis l’abandon de l’axe ouest de l’A5 et de son échangeur prévu derrière la gare. Premier à réagir, le collectif «Schlachthof-Kulturzentrum» a réclamé une vocation culturelle pour les anciens abattoirs sous le slogan: «Culture au lieu de voitures».
Le nerf de la guerre sera financier, dans une ville qui a déjà beaucoup donné avec succès pour la culture alternative, avec en fer de lance un champ d’expérimentation dans l’ancien stade de foot de la Gurzelen. Entre les entrepôts et les parkings, la ville perçoit 200 000 francs par an de location.
La partie n’est pas gagnée pour les partisans d’une reconversion culturelle. L’exemple le plus proche vient de La Chaux-de-Fonds, où les anciens abattoirs ont été recyclés en centre d’art contemporain, avec le week-end dernier un «Super Marché» de Noël artisanal qui a mis en relief 70 créateurs
À Monthey, les anciens abattoirs sont devenus le «P’tit théâtre de la Vièze» en 1990. Un an plus tard, ceux de Sierre ont servi la culture alternative. Idem à La Chaux-de-Fonds depuis 2013, avec les expositions du «Quartier général» dans un espace placé sous la protection du patrimoine en 1988.