CommentaireUne caisse publique: bravo à Pierre Maudet!
Le nouveau ministre de la Santé genevoise veut faire avancer très vite son idée novatrice.
- par
- Eric Felley
De retour en fonction en juin dernier à la tête de la Santé, Pierre Maudet a hâte de concrétiser une des propositions phare de sa campagne pour faire évoluer le système de l’assurance-maladie: la création d’une caisse publique. Jeudi passé, le Grand Conseil genevois a accepté à une assez large majorité, par 65 voix contre 32, l’idée de créer une caisse publique pour l’assurance-maladie. C’est un petit pas prometteur vers un changement révolutionnaire.
La motion acceptée venait de son groupe Liberté et Justice Sociale par le député Marc Saudan, lui-même médecin chirurgien. Cette caisse publique (à ne pas confondre avec une caisse unique) devrait cohabiter avec les caisses actuelles sur le marché de l’assurance-maladie. Bien sûr ce n’est pas du jour au lendemain que cette assurance va faire baisser les primes qui accablent lourdement les ménages genevois, mais ce serait enfin un instrument en main de l’État, dont l’objectif ne serait pas de faire du profit.
Son grand avantage serait aussi d’avoir un fonctionnement complètement transparent. Sur le marché, cela obligera les caisses privées à se positionner. Probablement qu’elles voient déjà d’un mauvais œil ce concurrent étatique, potentiellement «déloyal», qui pourrait siphonner une partie de leurs précieux assurés.
Un tabou dans la Berne fédérale
La motion acceptée jeudi sera directement traitée par le Conseil d’État, sans passer en commission, afin que le projet avance le plus rapidement possible. Cette expérience genevoise va bousculer les lignes jusque dans la Berne fédérale, où la notion de caisse publique est considérée comme un tabou par la majorité libérale bourgeoise. À Genève, ce sont d’ailleurs les représentants de l’UDC et du PLR qui combattent la proposition de Pierre Maudet.
À Berne, où le lobby des assureurs maladie est très fort, certains vont sans doute tenter d’invalider ce projet cantonal comme non conforme à la loi fédérale. Car si les Genevois parviennent à créer une caisse publique avec succès, il y a de fortes probabilités que d’autres cantons étranglés par les primes suivent l’exemple.