AVSLe National ne veut plus de contre-projet à la retraite à 66 ans
Après avoir réclamé la semaine dernière un contre-projet à l’initiative des Jeunes PLR, les députés rejettent désormais initative et tout contre-projet. Le peuple tranchera.
- par
- Christine Talos
Nouveau coup de théâtre mardi au National avec l’initiative des jeunes PLR qui veulent relever l’âge de la retraite AVS et la lier à l’espérance de vie. La semaine dernière, les députés avaient accepté de justesse de renvoyer le projet en commission pour qu’elle élabore un frein à l’endettement qui aurait servi de contre-projet indirect. Mais ils sont revenus sur leur décision mardi. Ils ont finalement refusé ce contre-projet par 140 voix à 42.
Ce nouveau vote est intervenu après une motion d’ordre de la commission du National qui a été acceptée lundi et qui demandait un nouveau débat. «Le calendrier interne qui nous a été présenté en séance pour l’élaboration d’un contre-projet est, selon la majorité de la commission, beaucoup trop serré et ne permet pas de préparer sérieusement une réforme aussi importante», a expliqué mardi Benjamin Roduit (C/VS) au nom de la commission. «Nous n’avons pas souhaité réagir à la va-vite au mandat donné, de justesse, par notre conseil», a-t-il ajouté en rappelant que le Conseil fédéral devait de toute manière élaborer un projet de stabilisation de l’AVS d’ici 2026.
Ce que propose l’initiative
L’initiative, déposée par les jeunes PLR en juillet 2021, demande d’abord de relever l’âge de la retraite AVS à 66 ans pour tous. Ainsi, 4 ans après l’acception de l’initiative, l’âge de la retraite serait relevé de deux mois tous les ans jusqu’à atteindre 66 ans. Une fois cette première étape réalisée, il serait lié à l’espérance de vie moyenne de la population. Cette adaptation serait effectuée tous les ans par tranche de deux mois. La retraite à 67 ans interviendrait dès 2043 et celle à 69 ans en 2070.
«C’est un refus de se mettre au travail»
Alors que l’UDC avait fait pencher la balance la semaine dernière en faveur du renvoi en commission, cette fois seules quelques voix de ce parti se sont ralliées au PLR et aux Vert’libéraux pour soutenir l’idée d’un contre-projet. Au grand dam du PLR. «La commission fait fi du mandat qui lui a été donné. C’est un refus de se mettre au travail», a tonné Regine Sauter (PLR/ZH). «Cela fait ‘débarrassons-nous vite fait de ce sujet, ne nous brûlons pas les doigts avant les élections fédérales!’»
Philippe Nantermod (PLR/VS) a lui aussi enragé. Et de citer une devise des personnages de BD les Shadoks: «là où il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème. C’est un peu ce que le Parlement a fait au cours de la semaine écoulée», a-t-il lancé. «Il y a des gens qui n’adhèrent pas à cette farce et qui estiment que les grands problèmes du pays doivent être pris avec un grand sérieux», a-t-il ajouté en plaidant lui pour voter en faveur de l’initiative telle quelle. Il n’a pas eu gain de cause non plus.
Le Conseil des États ayant déjà balayé l’initiative et toute idée de contre-projet en mars dernier, ce sera donc au peuple de trancher sur le texte des Jeunes PLR.
les Jeunes Libéraux-Radicaux «indignés»
Le refus du National fâche les Jeunes Libéraux-Radicaux Suisse qui se disent «indignés». «Cette décision met gravement en danger l’avenir de la prévoyance vieillesse et témoigne de l’irresponsabilité du Parlement», estiment-ils. «La critique situation de l’AVS est connue. Pourtant, au lieu d'élaborer des solutions constructives, les responsables persistent dans l'inaction. C'est une gifle à tous ceux qui s'engagent pour une politique des rentes durable! Les jeunes sont abandonnés», critique Daniel Mitric, leur vice-président. Les Jeunes PLR se préparent désormais à la votation populaire.