MaltraitanceFoie gras et cuisses de grenouilles, le Conseil fédéral veut serrer la vis
Après l’adoption d’une motion au parlement, le gouvernement propose d’imposer une déclaration obligatoire, si ces produits sont issus de techniques de production interdites en Suisse.
- par
- Eric Felley
Nouvel épisode à Berne dans le long feuilleton du foie gras et des cuisses de grenouilles, deux produits gourmands dont les méthodes de production à l’étranger font l’objet de critiques en Suisse depuis des années. En juin 2021, le Parlement avait adopté une motion demandant qu’une «déclaration des méthodes de production interdites en Suisse» soit indiquée sur les produits concernés.
Sans anesthésie ou gavé
Ce vendredi, le Conseil fédéral a annoncé qu’il avait donné suite à cette motion. D’une manière générale, il a renoncé à légiférer pour tous les produits, ce qui serait trop coûteux et trop compliqué. Il a retenu les cuisses de grenouilles et le foie gras. Concrètement, il veut une déclaration obligatoire «pour les produits d’origine animale obtenus sans anesthésie. Cela peut être le cas des cuisses de grenouilles ou des produits issus d’animaux castrés sans anesthésie. Deuxièmement, pour les produits issus du gavage des oies et des canards».
Par ailleurs, il faudra aussi déclarer «les denrées alimentaires d’origine végétale, si elles proviennent de pays où sont utilisés des produits phytosanitaires classés comme particulièrement dangereux au niveau international».
Fourrures: un échec patent
La méthode des déclarations obligatoires a toutefois montré ses limites jusqu’ici. Le Conseil fédéral revient une nouvelle fois sur les fourrures et les produits de pelleterie, qui sont fabriqués à l’étranger avec des animaux maltraités. Depuis 2014, ces articles doivent être étiquetés de manière visible sur leurs conditions de production. Mais le Conseil fédéral constate que c’est un échec: «Le secteur applique mal l’obligation de fournir les informations requises. Rien qu’en 2021 et 2022, deux tiers des points de vente contrôlés ne respectaient pas l’obligation. La Confédération a contacté le secteur à plusieurs reprises, l’a mis en garde et lui a infligé des amendes. Cela n’a pas entraîné d’améliorations notables».
Le Département fédéral de l’intérieur est chargé d’examiner d’ici mars 2024 une interdiction pure et simple d’importer des fourrures et des produits de la pelleterie fabriqués en recourant à des animaux maltraités.