InterviewJosiane Balasko: «J’ai une collection de figurines de vedettes de cinéma»
Célèbre pour ses rôles dans les comédies françaises, l’actrice a un rôle qu’on pourrait penser au Neuchâtel International Fantastic Film Festival à contre-emploi: elle est la présidente du jury.
- par
- Laurent Flückiger
Josiane Balasko est une actrice incontournable du cinéma français (les films avec la troupe du Splendid, bien sûr, «Trop belle pour toi», «Cette femme-là»), une réalisatrice récompensée («Gazon Maudit», un César en 1996) et monte également régulièrement sur les planches, comme pour la récente pièce «Un chalet à Gstaad», une caricature des exilés fiscaux en Suisse. Si son nom est le plus souvent associé à la comédie, c’est pourtant en qualité de présidente du jury international de la 22e édition du Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) qu’elle entre dans les salles obscures du 30 juin au 8 juillet.
En effet, celle qui a incarné Nathalie dans «Les Bronzés» aime le cinéma de genre. En 2019, elle a même publié un recueil de nouvelles fantastiques, «Jamaiplu», qui rend hommage à Edgar Allan Poe, Fredric Brown ou Ray Bradbury. Mercredi, nous l’avons rejointe sur une terrasse au bord du lac de Neuchâtel pour parler de SF, d’horreur, de sa collection de figurines et même d’un improbable projet de film adapté de la série «Derrick».
Josiane Balasko, quand votre amour pour le fantastique a-t-il commencé?
Dans ma jeunesse, dans les années 70, quand on a commencé à découvrir en France tous les grands auteurs de science-fiction que maintenant tout le monde connaît. Ça a commencé par les livres. Je regardais des films fantastiques, mais c’était ceux de la Hammer, dont plus personne ne se souvient, ceux avec Christopher Lee en Dracula.
À cette époque, il y avait «2001, l’Odyssée de l’espace»…
C’est assez sévère comme film. On ne peut pas dire que ce soit un truc à pleurer de rire, ça peut être carrément chiant par moments! On crie au génie. Mais bon… Après sont arrivés les Spielberg, Lucas, et tout le monde s’est éclaté. Je faisais la queue pour aller voir leurs films. «Star Wars», notamment.
Auriez-vous aimé jouer dans un de ces grands films de cinéma fantastique?
Il n’y avait pas tellement de rôles pour les femmes. Il y avait bien la princesse Leia, mais les héros étaient surtout des hommes.
Et dans un film d'horreur?
J’aimerais bien, ça doit être rigolo, avec tous les effets spéciaux. Mais dans un film d'horreur il faut vraiment faire le très, très méchant. Aujourd’hui, il y a la concurrence des plates-formes, qui n’hésitent pas à mettre le paquet sur les films d’horreur. Donc si on en fait un, il faut que ça saigne. C’est la base. (Rires.)
Vous souvenez-vous d’avoir eu une vraie frousse au cinéma?
J’étais môme, je me souviens d’avoir vu dans un petit cinéma de paroisse «Le spectre du professeur Hitchcock» (1963). Rien à voir avec Alfred Hitchcock. C’était quand même très expressionniste, avec des morts, le côté livide, le côté sanglant, etc. Je me souviens d’avoir eu peur.
Quelle est votre créature préférée?
Dracula, joué par Christopher Lee. Il était sexy, très bien habillé avec son smoking et sa cape. Beau gosse.
Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire «Jamaiplu», un recueil de nouvelles fantastiques, en 2019?
Je voulais m’amuser et je pensais aussi à tous ces auteurs qui m’ont donné envie d’écrire quand je les ai découverts à 20 ans. J’aimerais bien écrire une suite. Mais le problème de la nouvelle est qu’il faut une idée par nouvelle! (Rires.) Et je n’ai pas eu trop le temps d’y penser, parce que je tournais et je jouais au théâtre «Un chalet à Gstaad».
Et vous êtes une fan de jeu vidéo.
Sur ordinateur, quand j’étais jeune. Puis, dans les années 90, j’ai joué à «Tomb Raider». Mais j’ai arrêté, c’était trop stressant. Elle meurt de façon horrible, cette pauvre Lara Croft! Après, j’ai connu «Age of Empires». On a fini par me l’interdire, je passais mes nuits dessus. Je ne veux plus en entendre parler. (Rires.)
Il paraît que vous collectionnez des figurines. Et bien sûr, vous les gardez dans leur emballage.
Oui! (Rires.) Ça a commencé avec mon mari quand on allait aux États-Unis – il est Américain (ndlr.: le comédien George Aguilar). À chaque sortie de film, il y a tout un merchandising. Alors quand le film marche, c’est difficile de les avoir. Mais quand ils ne marchent pas, il y a toujours les figurines. Donc moi j’achetais à la fois des figurines de films comme «Toy Story» et celles de films qui n’ont pas forcément eu de succès. Et surtout j’ai une collection de figurines de vedettes de cinéma.
Les figurines sont en vitrine?
Oui, et ça faisait baver mes enfants qui n’avaient bien sûr pas le droit d’y toucher! (Rires.)
Récemment, Thierry Lhermitte a parlé d’un projet de film adapté de la série «Derrick» qui est dans les tiroirs depuis plusieurs années parce qu’il ne trouve pas de financement. Et il vous avait imaginée au casting…
C’est une parodie de l’inspecteur Derrick. Et moi j’aurais dû faire Angela Merkel! (Rires.) Mais je crois que ce n’est pas assez politiquement correct pour être monté. En tout cas, j’étais partante.
Après le NIFFF, comment allez-vous passer votre été?
Je vais m’ennuyer, bien sûr… En octobre, je vais commencer le tournage d’un film de François Ozon. Je suis très contente, c’est un metteur en scène que j’aime beaucoup. Et je vais certainement reprendre la pièce «Un chalet à Gstaad» en septembre 2024. On va se retrouver entre exilés fiscaux, entre gens ultrariches. (Rires.)