SportAbécédaire prospectif du sport en 2024 (4/4)
L’année que vient de débuter s’annonce intense pour les sportifs, mais aussi pour ceux qui aiment suivre les athlètes depuis leur canapé. En quatre épisodes, on a essayé d’imaginer ce que sera le sport en 2024. Ou pas. Plutôt pas, en fait…
- par
- Robin Carrel
T comme: trêve olympique
Dieu sait si cette liste de perspectives pour 2024 est moyennement crédible et cette lettre de l’abécédaire est certainement celle à laquelle je crois le moins… Mais on rêve tous, cet été, d’une vraie trêve olympique respectée par tout le monde. De voir, en compétitions ou même sur un podium, un Palestinien tenir la main d’un Israélien, des Houthis ne pas bombarder les bateaux adverses lors des régates de voile, des Ukrainiens gagner des médailles et ne pas boycotter un match parce qu’ils se retrouveraient contre des «Russes neutres»… Et ce qui serait encore plus beau, c’est que tous les conflits de la planète s’arrêtent pour laisser le devant de la scène au sport. Et pendant ces deux semaines, tout le monde se dirait que tiens, en fait, la vie en fait est vachement mieux sans essayer de zigouiller son semblable. Et ce serait la paix éternelle…
U comme: Ubuesque
Les saisons footballistiques à rallonge et les compétitions qui s’empilent commencent à donner de drôles de choses sur le terrain. L’Euro 2024 en Allemagne a validé cette information et ce Championnat d’Europe a donné lieu à de nombreuses surprises. En malheureusement pour nous, ce n’est pas la Suisse de Murat Yakin qui a brillé, loin de là. Mais la Nati n’est pas la seule à être passée au travers de la compétition. Le Portugal? À la trappe dès le 1ᵉʳ tour dans un groupe pourtant facile. La France? Éliminée aux tirs au but en 8es de finale après que Mbappé a voulu jouer milieu défensif. L’Angleterre? «Coming home» à la suite des quarts de finale après deux bourdes de son gardien. L’Allemagne à domicile? L’équipe s’est battue à l’entraînement à cause d’une blague mal sentie de Thomas Müller et n’a pas intégré le dernier carré. Non, vraiment, rien ne va plus! D’autant plus qu’au final, c’est l’Autriche qui l’emporte, après une démonstration en finale contre le Danemark. Un résultat qui énerve encore plus des fans suisses, qui finissent par trouver que quand même, ça devrait être une fois leur tour de jubiler. La manifestation devant le siège de l’ASF à Muri dégénère et un fan mécontent aurait même dit: «Zut!»
V comme: Verstappen
La saison 2023 de Formule 1 a été outrageusement dominée par Max Verstappen, qui n’a perdu que trois Grands Prix sur l’ensemble de l’année. Le Néerlandais avait certes accepté de retravailler avec la série «Drive to survive» lors de ce nouvel exercice, mais le show a fini par lasser les abonnés de la plateforme. Une statistique basée sur la webcam des spectateurs – qui peut être activée à distance par les Chinois du FBI à l’insu du propriétaire de l’ordinateur, tout le monde le sait – a remarqué que 78% de ceux qui regardent la série dans leur canapé faisaient la sieste avant la fin de chaque épisode. C’est moins que ceux qui versent le dimanche après-midi devant la RTS lors des courses (84%) certes, mais un indicateur pour les producteurs qu’il fallait passer à autre chose. Même la tentative de spin-off «Inside Yuki Tsunoda» n’a pas pris, même au Japon. La majorité des gens devant être suivis psychologiquement après la fin du premier opus.
W comme: Welsches
Incroyable! Après une saison régulière en dents de scie pour les clubs romands, Ajoie se sauve en play-out contre Kloten et c’est la foire à la saucisse outre-Sarine. C’est même un tremblement de terre hors du commun: quatre clubs de la Suisse occidentale sont dans le dernier carré des play-off pour le titre! En demi-finale, Genève-Servette est opposé à Bienne et le Lausanne HC fait face à Fribourg Gottéron. Les médias d’outre Sarine demandent d’abord l’arrêt du championnat de National League, mais le SIHF tient bon. Genève-Servette finit par perdre son titre face à Gottéron. Une fête monstre bat ensuite son plein en Basse-Ville de Fribourg et Monseigneur Charles Morerod, ivre après avoir picolé du vin de messe pendant tout l’Acte VI qui a couronné les Dragons, se croit à Rome et lance un urbi et orbi pour canoniser Julien Sprunger. Les fans chantent «Santoooo subitooooo» dans le BCF Arena et le pape finit par accéder à leur demande. Stefan Schärer, président de la Fédération de Suisse de hockey sur glace, démissionne et c’est Marc Lüthi qui reprend les commandes.
X comme: Xavier Dupont de Ligonnès
Non, on ne l’a toujours pas retrouvé. Et oui, à la lettre X, je commençais à manquer d’inspiration.
Y comme: Yverdon européen
Après un stage en Tunisie par plus de 30 degrés, les Nord-Vaudois sont pris à froid pour la reprise de la Super League. Les Yverdonnois sont fessés 8-0 à Servette et perdent 14-0 chez les Young Boys. Il n’en faut pas plus pour que le président Jeffrey Saunders ne se rende compte que c’était peut-être une bêtise d’avoir prôné du football proactif avec son fils Balthazar au milieu du terrain et le pote de ce dernier devant les buts. Alessandro Mangiarratti est viré, Marco Schällibaum rappelé et Brian Beyer, prêté par Annecy le dernier jour du mercato, finit meilleur buteur de Super League en marquant 17 fois lors des 11 rondes restantes. YS passe dans le tour pour le titre et gagne tout. En route pour la Conference League, où les Moldaves et les Féringiens ne feront pas long feu lors des tours préliminaires.
Z comme: Zermatt
Encore une fois, à la fin de l’année 2024, la météo a joué des tours à la station valaisanne. Cette fois, ce n’est ni le vent, ni les températures, ni la neige qui ont empêché la tenue des épreuves de Cervinia. Et ça, les organisateurs ne l’avaient pas vu venir, malgré le changement climatique galopant: le sirocco! Ce vent saharien violent venu du sud, très sec et chaud qui souffle sur l’Afrique du Nord et le sud de la mer Méditerranée dès fois jusque sous nos latitudes, a propulsé une petite couche de sable sur la Gran Becca. Impossible à skier donc, surtout avec des lattes sans fluor dessous. De dépit, et aussi un peu pour provoquer la nuée de journalistes venus encore une fois vilipender sa station, Franz Julen, le président du comité d’organisation des descentes de Zermatt/Cervinia, a décidé d’organiser à la place une course de ratracks sur le glacier. Didier Défago a déclaré au TJ ne pas être vraiment pour, mais il a tout de même dessiné le tracé parce que c’est son métier.