ChineTriomphant, Xi Jinping clôture le 20e congrès du PCC
Le 20e congrès du Parti communiste chinois s’est achevé ce samedi à Pékin, alors que Xi Jinping devrait être reconduit au poste de secrétaire général du PCC dimanche.
Le Parti communiste chinois (PCC) a achevé samedi à Pékin son congrès, qui devrait couronner le président Xi Jinping d’un troisième mandat et tracer l’avenir politique de la Chine pour les cinq prochaines années. «Osez vous battre pour la victoire», a lancé d’un air triomphal Xi Jinping à l’issue de la cérémonie de clôture au Palais du peuple, un immense bâtiment de style soviétique qui domine la place Tiananmen.
Ce congrès, le 20e depuis la création du PCC en 1921, survenait dans un contexte délicat pour la Chine, confrontée à un ralentissement de sa croissance en raison de confinements à répétition et de tensions diplomatiques avec l’Occident. Depuis une semaine, quelque 2300 délégués choisis par les différentes instances du Parti étaient réunis à huis clos à Pékin, avec pour mission de remanier l’équipe dirigeante du parti, et donc de la deuxième économie mondiale, et de tracer les futures orientations du pays.
Simple formalité
La composition du nouveau Comité central, sorte de «parlement» interne au parti, a été adoptée, selon l’agence Chine nouvelle qui n’a toutefois pas dévoilé la liste des quelque 200 membres. Scène inhabituelle dans une cérémonie très chorégraphiée, l’ancien président Hu Jintao a été escorté vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Visiblement contre son gré, l’homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping. La scène n’a été ni expliquée ni rapportée dans l’immédiat par les médias d’État.
Dimanche, Xi Jinping sera vraisemblablement reconduit au poste de secrétaire général du PCC, à l’issue de la première réunion d’un Comité central remanié, qui compte environ 200 membres. Simple formalité, la procédure doit permettre à Xi Jinping de décrocher en mars prochain un troisième mandat présidentiel inédit de cinq ans.
«Ce troisième mandat mettra fin à trois décennies de transition (encadrée) du pouvoir» en Chine, relève Neil Thomas, analyste du cabinet Eurasia Group. Pour se maintenir au pouvoir, l’homme fort de Pékin avait ainsi fait supprimer de la Constitution en 2018 la limite de deux mandats. Xi Jinping, 69 ans, peut donc en théorie présider à vie la République populaire.
Nouveau premier ministre
Analystes et médias spéculent sur la volonté de Xi Jinping de changer l’intitulé de son poste en «président du parti», le titre qu’avait le fondateur du régime Mao Tsé-toung (1949-76). Une modification pourrait aussi être apportée à la charte du PCC. En 2017, elle avait intégré une référence à «la Pensée Xi Jinping sur le socialisme à caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère». Cette mention avait été ajoutée l’année suivante à la Constitution du pays.
Ce congrès devrait également déboucher sur une large recomposition du comité permanent du Bureau politique. La composition de cet organe tout-puissant de sept membres actuellement -- qui détient la réalité du pouvoir en Chine -- sera dévoilée dimanche. Selon des traditions non écrites, une partie des membres actuels atteignent l’âge auquel ils sont censés prendre leur retraite.
Conformément à la coutume, les membres du Comité permanent seront annoncés par ordre d’importance, le numéro un étant le secrétaire général. A priori le numéro deux ou le numéro trois sera le prochain premier ministre qui succédera à Li Keqiang, en mars prochain.
Parmi les noms évoqués pour le remplacer: Wang Yang, considéré comme l’une des voix les plus libérales du Parti, ou l’actuel vice-premier ministre Hu Chunhua. Li Qiang, chef du parti à Shanghai, est également pressenti malgré sa gestion chaotique du confinement au printemps.
«Pires scénarios»
Le nouveau comité permanent sera composé en «majorité de personnalités loyales à Xi Jinping», subodore Nis Grünberg, de l’Institut Mercator d’études chinoises (Merics) à Berlin. Nombre de sinologues estiment qu’aucun successeur potentiel ne devrait émerger. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping a accumulé les pouvoirs au sommet de la deuxième puissance mondiale et présidé à un renforcement de l’autorité du régime.
Chef du Parti, chef de l’État, chef des armées… le dirigeant a plaidé pour la continuité de ses politiques lors d’un discours au ton triomphal à l’ouverture du congrès. La stratégie «zéro Covid» devrait ainsi se poursuivre malgré ses conséquences néfastes sur l’économie et l’exaspération grandissante de la population face aux confinements.
Loin de la diplomatie prudente de ses prédécesseurs, Xi Jinping devrait encore davantage faire entendre la voix de la Chine. Quitte à accroître les tensions avec le grand rival américain, en particulier autour de la question de Taïwan.
Xi Jinping est surtout «très préoccupé par la sécurité du régime», soulignent les analystes du cabinet SinoInsider, spécialisé dans la politique chinoise. Et de relever que ce terme a été cité 91 fois dans son discours dimanche, plus que tout autre thème. «Nous devons (…) être préparés aux pires scénarios, se tenir prêts à résister aux vents violents, aux eaux agitées et même aux tempêtes dangereuses», a averti Xi Jinping.