Amérique latineRecord de chaleur et feux de forêts en Amazonie colombienne
Janvier 2022 a été le mois le plus chaud pour l’Amazonie colombienne au cours de la dernière décennie, entraînant une multiplication des feux de forêt, avec un très probable impact sur la qualité de l’air jusqu’à Bogotá.
Selon un rapport du ministère de l’Environnement auquel l’AFP a eu accès vendredi, le mois de janvier a enregistré la «valeur la plus élevée de points chauds au cours des dix dernières années» dans l’Amazonie colombienne.
Le phénomène se produit, ajoute le ministère, lorsque le pays traverse une saison de faibles précipitations. Elle est due aux «activités anthropiques», c’est-à-dire aux activités humaines, dont «la plus importante est associée aux fronts de déforestation», ajoute le rapport.
Au moins 80% de ces «points chauds» sont des feux de forêt, a expliqué à l’AFP un porte-parole du ministère.
Fin janvier, le ministère a recensé plus de 3300 «points chauds» dans les six départements qui composent l’Amazonie colombienne, dont 1300 dans la seule région du Guaviare.
Selon des témoignages recueillis par l’AFP en octobre dans cette région, paysans et propriétaires terriens profitent de la saison sèche, de janvier à avril, pour brûler les arbres coupés, planter à la place des plants de coca ou y laisser paître le bétail.
Sont notamment menacés le parc national de la Serrania del Chiribiquete, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, tout comme la réserve naturelle nationale de Nukak, un vaste territoire de jungle habité par ces derniers indigènes nomades de Colombie.
La Fondation pour la conservation et le développement durable (FCDS), qui tient son propre décompte et survole régulièrement les zones concernées, a enregistré au moins 938 feux de forêt, le chiffre le plus élevé pour un mois de janvier depuis 2012.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux par cette ONG, spécialisée dans le suivi de la déforestation, montrent d’épais nuages de fumée et des flammes s’élevant de la jungle de Guaviare.
Selon le système de surveillance planétaire des feux de Global Forest Watch, ce sont 2363 alertes incendie qui sont signalées en Amazonie colombienne au 4 février, depuis début janvier.
Nuages sur Bogotá
D’après la FCDS, une couche de nuages blancs/gris observée ces dernières heures dans le ciel de Bogotá est la conséquence de ces incendies, et le phénomène devrait s’intensifier dans les prochaines heures.
«Des milliers d’hectares de jungle amazonienne, coupés ces derniers mois, sont en feu aujourd’hui. Ces incendies massifs se ressentent à présent jusqu’à Bogotá», a alerté sur Twitter le directeur de la FCDS, Rodrigo Botero.
«Les acteurs de la déforestation profitent de la saison sèche pour brûler la forêt et défricher» la jungle. La qualité de l’air, avec cette addition de particules (…) doit être considérée de toute urgence comme une alerte de santé publique», s’est alarmé Rodrigo Botero. «J’insiste: des centaines de panaches de fumée émettant des particules atteignent les villes. Il y a des décisions de santé publique à prendre rapidement. Que disent les indicateurs de l’air à Bogotá?» a-t-il renchéri, toujours sur Twitter.
De son côté, la maire de Bogotá Claudia Lopez a fustigé sur le même réseau social «l’incapacité» du gouvernement «à contrôler le territoire et à garantir la sécurité, ce qui nous affecte toujours à Bogotá. Quand ce ne sont pas des massacres et des déplacements forcés, ce sont des incendies criminels (…) qui, en raison de la direction du vent, finissent par arriver et par détériorer la qualité de l’air» dans la capitale, à presque 500 km de là.
À Medellín, deuxième ville la plus peuplée du pays, la mairie a alerté sur une détérioration de la qualité de l’air à un niveau «nuisible à la santé» des enfants et des personnes âgées.