FootballLe FC Sion est bloqué dans une autre histoire
Les éléments qui faisaient des Valaisans une équipe intenable au premier tour ne fonctionnent plus aussi bien. La quête d’un plan B pertinent pose problème.
- par
- Florian Vaney
C’est sans doute la première fois que Pablo Iglesias a regretté d’avoir fait venir Nikola Boranijasevic en Suisse. L’ancien latéral du Lausanne-Sport s’est montré sans pitié avec l’ex-directeur sportif du LS. Le Serbe a profité comme jamais des espaces qui se sont offerts à lui et initié l’action ayant permis à Zurich de s’imposer dimanche (1-0), pendant que le directeur du football du FC Sion a dû y assister impuissant depuis le banc sédunois, où il remplaçait un Paolo Tramezzani suspendu.
On peut d’ailleurs penser que si l’entraîneur principal des Valaisans n’avait pas écopé de son quatrième avertissement de la saison le week-end dernier à Berne, ç’aurait été pour ce dimanche. Parce que ce FC Sion décevant a tout de même trouvé les moyens de marquer deux buts. Tous deux annulés par la VAR bien après les célébrations des plus de 10’000 spectateurs de Tourbillon. Frustrant. Mais surtout punitif. Parce que les Sédunois sont cette équipe qui a pris l’habitude de remettre sur le droit chemin les adversaires égarés. Mais sont, surtout, ce groupe bloqué dans l’histoire qu’il avait commencé à écrire.
Les trois enseignements
Sion semble bloqué dans le passé, et le constat a autant valeur d’éloge que de critique. L’équipe de ces dernières semaines veut ressembler à celle du premier tour, intraitable, hyperactive, surprenante. «Sans mauvais jeu de mots, on s’appuyait sur un tourbillon au milieu de terrain dont on peine à reproduire l’ampleur», confirmait Pablo Iglesias. Pourtant, c’est peu dire que les Sédunois cherchent à développer leur jeu en passant par leur trio médian (voire quatuor, suivant les envies de Mario Balotelli). Anto Grgic est d’ailleurs le demi à avoir touché le plus de ballons en Super League cette saison. L’idéal valaisan fait aujourd’hui apparaître un manque de solutions de rechange. Sion avait dans l’idée de jouer plus long en seconde période dimanche, de sauter les lignes parfois. Cela s’est très peu vu. Comme si ça sonnait contre-nature dans l’esprit de ses joueurs.
La VAR vit avec ses qualités et ses défauts. Ce n’est pas ici que le débat sur sa pertinence sera relancé. Mais tout de même ceci: ce qui a sauté aux yeux dimanche, c’est qu’elle est un outil qui pousse à l’exagération. Le ralenti sur le premier but annulé du FC Sion (17e) en est un exemple parfaitement éloquent. Antonio Marchesano va chercher le contact entre son visage et le bras de Musa Araz, s’assure de bien avoir reçu un coup visible, amène ses mains à la tête une bonne seconde plus tard puis s’écroule. La scène est suffisamment théâtrale pour que l’image arrêtée n’ait d’autres choix que de lui donner raison. Le Zurichois a rapporté deux points (et une première victoire cette saison en Super League!) à ses couleurs grâce à ça.
En Valais, on n’a plus besoin de gonfler les chiffres d’affluence. Les 10’300 personnes annoncées dimanche semblaient correspondre à la réalité. Le compte du jour est à peine supérieur à la moyenne de la saison. Ce qui signifie au moins deux choses. Le FC Sion est parvenu à susciter la curiosité par son étonnant et plaisant début de championnat. Et «l’effet Balotelli» n’est pas qu’une théorie de bistrot. L’Italien se trouvait dans un petit jour dimanche. Qui choisira-t-il d’être dans une semaine à Bâle? Visiblement, les gens ont pris l’habitude de payer pour le savoir.
Le héros malheureux: Kevin Bua
Kevin Bua a vécu plus de moments forts en vingt minutes que la plupart de ses coéquipiers en une heure et demie. Entré en jeu à la 71e, le Genevois a mis toute la spontanéité et la justesse possible dans son but de la 78e, annulé pour une faute de main de Dimitri Cavaré une petite dizaine de secondes plus tôt. Ça a suffi pour faire vibrer Tourbillon une minute à peine. Ce même stade qui gardait espoir d’assister à un retour des siens grâce à un sauvetage aérien sur la ligne de son numéro 33 (83e).
Les moins bons: Wylan Cyprien et Ilyas Chouaref
Pablo Iglesias avait l’embarras du choix quant aux changements auxquels il était presque obligé de procéder à la pause, tant Sion vivait en faillite technique totale. La seule certitude absolue, c’est que les Sédunois ne pouvaient pas continuer la rencontre avec Wylan Cyprien, qui a offert les deux plus grosses actions de la première période (dont le but) à Zurich sur des pertes de balle abominables. Un match sans.
La célébration gâchée
Nathanaël Saintini a fait signe à un jeune ramasseur de lui envoyer sa balle. La Guadeloupéen venait de marquer, a donc récupéré le ballon demandé et s’en est allé, le ventre arrondi et un pouce dans la bouche, vers le poteau de corner dans une célébration désormais connue pour évoquer sa future paternité. M. Dudic enverra peut-être un paquet à l’attention de la progéniture du défenseur central valaisan pour se faire pardonner: il n’a pas hésité à interrompre les festivités en annulant la réussite.
La décla’
La décla’ (bis)
La question
Le FC Sion a livré ses deux meilleurs matches du premier tour contre Bâle et Saint-Gall, ses deux derniers adversaires de l’année. Le signe d’un final en apothéose?
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