Guerre en UkraineUn oligarque russe aurait manigancé pour contourner les sanctions
Alexei Mordachov, principal actionnaire de TUI, est soupçonné par le gouvernement allemand d’avoir transféré ses parts à une société contrôlée par sa femme.
Le Ministère allemand de l’économie cherche à savoir si le milliardaire russe Alexei Mordachov, principal actionnaire du géant du tourisme TUI, a contourné les sanctions infligées par l’UE en transférant ses parts à une société contrôlée par sa femme. «Une procédure d’examen des investissements est en cours», a indiqué vendredi une porte-parole du Ministère à propos de cette enquête.
La vérification concerne le récent transfert de 29,9% des actions de TUI, pour une valeur de 1,3 milliard d’euros, à la société Ondero Limited, dont l’actionnaire principal est Marina Mordashova, épouse de Mordachov, a précisé le groupe de Hanovre. Ce tour de passe-passe pourrait permettre au milliardaire russe, qui détenait avant cette transaction 34% du capital de TUI, de continuer à en jouir par le truchement d’une société aux mains de son épouse, alors qu’il est lui-même visé par les sanctions des Occidentaux liées à la guerre en Ukraine
Ondero Limited, entité basée dans les Îles vierges britanniques, est devenu fin février l’actionnaire majoritaire d’Unifirm Limited, jusqu’alors contrôlée par Alexei Mordachov et détenant le paquet d’actions de TUI. Le transfert des parts est «suspendu», le temps de la procédure de vérification, ont précisé TUI et le Ministère.
Magnat de l’acier
Les avoirs de Mordachov, inscrit sur une liste noire de personnalités considérées comme proches de Vladimir Poutine, sont gelés depuis le 1er mars et lui-même est interdit de séjour dans l’UE. Les 4,1% de titres restants, non transférés à Ondero, ont été vendus à Severgroup LLC, dont l’oligarque russe est à la tête, a précisé TUI.
Magnat de l’acier, Alexei Mordachov est propriétaire du groupe sidérurgique russe Severstal. Déjà actionnaire d’un quart du groupe TUI, le milliardaire avait mis la main à la poche en décembre 2020, avec l’État allemand, pour éviter la faillite au voyagiste fragilisé par la répercussion de la pandémie.
Dans un communiqué début mars, il avait pris ses distances avec la guerre déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, affirmant n’avoir «absolument rien à voir avec les tensions géopolitiques actuelles» et ne pas comprendre pourquoi l’UE lui avait imposé des sanctions.