Propos de l’ambassadeur chinoisKiev dénonce une «version absurde» de l’histoire de la Crimée
L’Ukraine et les pays baltes ont vivement réagi dimanche aux déclarations polémiques de l’ambassadeur chinois, Lu Shaye, faites vendredi sur la chaîne française LCI.
Kiev a dénoncé dimanche une «version absurde» de l’histoire de la Crimée, annexée en 2014 par la Russie, après des propos polémiques de l’ambassadeur chinois en France qui a questionné l’appartenance de la péninsule à l’Ukraine. «Il est étrange d’entendre une version absurde sur «l’histoire de la Crimée» de la part d’un représentant d’un pays scrupuleux au sujet de son histoire millénaire», a lâché sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne. Les déclarations de l’ambassadeur chinois ont également provoqué une levée de boucliers parmi les ex-républiques soviétiques.
«Ne pas répéter la propagande»
Interrogé vendredi soir sur la chaîne française LCI, l’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, avait indiqué au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014: «Ca dépend de comment on perçoit ce problème. Il y a l’Histoire. La Crimée était tout au début à la Russie. C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique.» Il avait poursuivi son argumentaire, estimant que les pays de l’ex-URSS «n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain». Le diplomate chinois avait également appelé à arrêter de «chicaner» sur la question des frontières post-soviétiques. «Maintenant, le plus urgent est d’arrêter, de réaliser le cessez-le-feu» entre Russie et Ukraine, a-t-il estimé.
Dimanche, Mykhaïlo Podoliak a souligné que «tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international», appelant Lu Shaye à «ne pas répéter la propagande» russe.
«Consternation»
Les Etats baltes, désormais membres de l’Union européenne et de l’OTAN, ne masquent pas leur courroux. Le ministre des Affaires étrangères letton, Edgars Rinkevics, a dénoncé des remarques «complètement inacceptables». Son homologue estonien, Margus Tsahkna, les a qualifiées de «fausses», relevant d’une «interprétation erronée de l’Histoire». «Selon le droit international, les Etats baltes sont souverains depuis 1918, mais ils ont été occupés pendant 50 ans» par l’URSS, a-t-il poursuivi. La France a de son côté déclaré avoir «pris connaissance avec consternation» de ces propos, demandant à la Chine «de dire (s’ils) reflètent sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas».
L’Ukraine a été reconnue internationalement «dans des frontières incluant la Crimée en 1991 par la totalité de la communauté internationale, Chine comprise, à la chute de l’URSS comme nouvel Etat-membre des Nations Unies», a insisté Paris, rappelant que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 est «illégale au regard du droit international». Si Pékin se dit officiellement neutre, le président chinois Xi Jinping n’a jamais condamné l’invasion russe ni même parlé au téléphone, jusqu’ici, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. A l’inverse, il s’est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.
Déclaration commune
Lors d’une visite en Chine début avril, Emmanuel Macron avait incité Xi Jinping à «ramener la Russie à la raison» vis-à-vis de l’Ukraine et l’avait pressé de ne pas livrer d’armes à Moscou. Les deux chefs d’Etat avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à «soutenir tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine».