CommentaireLa loi Covid-19 ou la fin d’une parenthèse dystopique
La troisième votation sur les mesures pour lutter contre la pandémie survient tardivement. Quoi qu’il arrive, elle devrait clore un chapitre qui a fortement divisé les Suisses.
- par
- Eric Felley
Depuis le 1er avril 2022, date de la levée des masques dans les transports publics, plus aucune mesure contraignante n’est en vigueur en Suisse pour lutter contre la propagation du Covid-19. Le virus omicron circule à bas bruit, affectant encore la population sans provoquer de surchauffe hospitalière. On peut dire que le coronavirus s’est normalisé. La votation du 18 juin sur la prolongation de cette loi jusqu’en 2024 arrive un peu comme la grêle après les vendanges.
Cependant, il faut respecter les référendaires, majoritairement en Suisse alémanique, qui ont lancé une troisième salve contre un appareil législatif dénoncé depuis le début comme une «dictature sanitaire». Le ton est monté très très haut en Suisse autour des questions relatives au système de traçage, à la vaccination et au certificat dans les établissements publics.
La politique fédérale et la loi Covid-19 ont certes été soutenues par deux fois dans les urnes en juin et novembre 2021 avec 60 et 62% des voix. Mais il est demeuré une partie très importante de la population qui n’a pas adhéré et qu’on ne peut pas qualifier de totalement «complotiste». Le traçage et le certificat numérique ont révélé des peurs fondamentales contemporaines face à la surveillance de masse et le contrôle des individus à travers les nouvelles technologies. La réalité a rejoint la fiction, que l’on croyait réservée jusqu’ici à la littérature dystopique.
Plus jamais ça!
Le quotidien des gens a été marqué par les fermetures des écoles, les restrictions de réunion (rappelez-vous la période des cinq personnes maximum en mars 2020), la fermeture des restaurants, l’interdiction des compétitions sportives, des concerts, les mises en quarantaine, le port du masque à l’intérieur, la présentation du certificat… On a la mémoire courte, mais cette période a été éprouvante et beaucoup seront tentés de dire aujourd’hui: plus jamais ça!
Avouons que la tentation serait grande de signifier que l’on ne rejouera jamais cette pièce de la même manière. On serait tenté aussi de désavouer son metteur en scène qui n’a pourtant pas démérité. Cependant, dans l’ensemble, on peut estimer que la loi Covid-19 a permis de régler bien davantage de problèmes qu’il n’en a créés. Qu’elle reste en vigueur jusqu’en décembre prochain ou en juin de l’année prochaine n’a pas vraiment d’importance, si ce n’est pour l’honneur.