NorvègeFeu vert du gouvernement à la prospection des fonds marins
Oslo veut autoriser l’extraction minière dans les fonds marins du pays, «riches» en cuivre, cobalt, zinc et terres rares, pour mener sa transition verte. Les écologistes fulminent.
Le gouvernement de centre gauche norvégien a annoncé, mardi, un accord avec des forces d’opposition en vue d’ouvrir une partie des fonds marins du pays à la prospection minière, au grand dam des défenseurs de l’environnement.
Aujourd’hui gros producteur d’hydrocarbures, le royaume scandinave pourrait ainsi devenir l’un des premiers pays au monde à se lancer dans cette pratique controversée, en raison des incertitudes autour de son impact sur les écosystèmes. «Nous avons besoin de minéraux, car nous devons mener une transition verte sous la forme de cellules et de panneaux solaires, de voitures électriques, de téléphones mobiles», a expliqué la députée travailliste, Marianne Sivertsen Naess.
«La Norvège pourra peut-être, à l’avenir, contribuer à y avoir plus largement accès sans être dépendante de pays dont il n’est peut-être pas souhaitable de dépendre totalement», a-t-elle ajouté.
«De manière durable et raisonnable»
La coalition gouvernementale, dominée par les travaillistes, a proposé, en juin, d’explorer la possibilité d’autoriser l’extraction minière dans les fonds marins du pays, présumés riches en cuivre, cobalt, zinc et terres rares, mais, minoritaire au Parlement, elle avait pour cela besoin de l’appui de formations de l’opposition.
Mardi, le Parti conservateur et la droite populiste lui ont assuré une majorité en apportant leur soutien pour ouvrir graduellement et au prix d’exigences environnementales renforcées une zone de la mer du Groenland et de la mer de Barents, dans l’Arctique. Les premiers projets devront être approuvés par le Parlement avant de pouvoir être mis en œuvre.
«L’exploitation ne pourra être autorisée que si les connaissances amassées à l’avenir montrent que cela peut être fait de manière durable et raisonnable», a précisé l’élu conservateur en charge du dossier, Bård Ludvig Thorheim.
Greenpeace courroucé
L’accord entre les quatre formations politiques a fait fulminer les défenseurs de l’environnement. «Nous œuvrerons pour stopper chaque projet d’exploitation minière en eaux profondes présenté au Parlement norvégien», a averti le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym. «Nous n’autoriserons pas la Norvège à détruire la vie unique dans les profondeurs marines, que ce soit dans l’Arctique ou ailleurs.»
ONG et scientifiques alertent sur la destruction d’habitats et d’espèces peut-être encore inconnues, mais potentiellement majeures pour la chaîne alimentaire, le risque de perturber la capacité de l’océan à absorber le carbone émis par les activités humaines ou encore le bruit affectant des espèces comme les baleines.
Plusieurs pays, dont la France et le Royaume-Uni, se sont prononcés pour un moratoire à l’extraction minière sous-marine.