AllemagneBoris Pistorius a été nommé ministre de la Défense
Mardi, l’actuel ministre de l’Intérieur de la région de Basse-Saxe, en Allemagne, a été choisi pour gérer le Département de la défense.
Le chancelier Olaf Scholz a confirmé mardi la nomination du social-démocrate Boris Pistorius à la tête du ministère de la Défense, le présentant comme «la bonne personne» pour conduire «le changement d’époque» provoqué par la guerre en Ukraine.
Boris Pistorius, ministre de l’Intérieur de la région de Basse-Saxe, est «un homme politique hautement expérimenté, qui s’occupe depuis des années de politique de sécurité (…)», a souligné Olaf Scholz, dans une déclaration écrite.
Sa nomination était attendue en remplacement de Christine Lambrecht qui a démissionné lundi, après une série de bourdes à la tête de ce poste crucial en pleine guerre en Ukraine. Ce changement intervient alors que l’Allemagne est pressée de toutes parts de fournir plus d’armes lourdes pour aider Kiev. Une réunion cruciale des ministres de la Défense occidentaux, autour des États-Unis, se tiendra vendredi, en Allemagne.
Elle avait jeté l’éponge
Très critiquée après plusieurs bévues, Christine Lambrecht avait jeté l’éponge après un peu plus d’un an au ministère de la Défense, invoquant une «focalisation des médias» sur sa personne l’empêchant de mener sa tâche à bien.
Comme elle, Boris Pistorius, 62 ans, est juriste de formation et issu du parti politique du chancelier Olaf Scholz. Le retour de ce portefeuille à un ministre, après trois femmes à ce poste depuis 2013, remettrait en cause la promesse d’Olaf Scholz de maintenir la parité dans le gouvernement qu’il dirige depuis décembre 2021.
Des «conséquences pénales»
En tant que ministre de l’Intérieur de sa région du nord de l’Allemagne, Boris Pistorius s’est spécialisé dans les questions de cybersécurité, de sécurité intérieure et de politique migratoire. Il fut également maire d’Osnabrück entre 2006 et 2013.
En mars, il avait été à l’origine d’une initiative prévoyant des «conséquences pénales» dans sa région pour toute personne exprimant publiquement son approbation de l’invasion russe en Ukraine, en utilisant la lettre «Z», symbole du soutien au Kremlin. La Bavière avait pris des mesures similaires.
Très populaire
Ces dernières années, Boris Pistorius, très populaire dans sa région pour son parler franc, n’a pas caché ses ambitions nationales. Une tentative d’accéder en 2019 à la présidence du Parti social-démocrate avait toutefois largement échoué.
Puis en 2021, ce veuf qui fut un temps en couple avec Doris Schröder-Köpf, l’ex-épouse de l’ancien chancelier Gerhard Schröeder lui aussi originaire de Basse-Saxe, avait été considéré comme un candidat potentiel à un poste ministériel lors de la formation du gouvernement entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux. Mais il était là aussi ressorti bredouille.
Lourde tâche
La tâche sera lourde pour ce baron régional à la tête d’un ministère qui a rarement réussi à son occupant, souligne le magazine «Der Spiegel». «L’État des troupes est déplorable, et l’armée a besoin plus que jamais d’être réformée dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine», pointe-t-il.
Après des années de vaches maigres imposées à la Bundeswehr dans le sillage de la fin de la guerre froide, le matériel manque cruellement ou bien est vétuste. Mi-décembre, Berlin a ainsi dû suspendre de nouvelles commandes de blindés Puma après une série de pannes frappant les blindés déjà utilisés par l’armée.
Après l’invasion du 24 février, Olaf Scholz avait annoncé un «changement d’époque» pour la défense allemande, prévoyant un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour la moderniser. Christine Lambrecht n’a toutefois pas su inspirer ce changement dans un poste où elle semblait mal à l’aise.