Afghanistan - La difficile évacuation vers la Suisse des personnes fuyant Kaboul

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AfghanistanLa difficile évacuation vers la Suisse des personnes fuyant Kaboul

La Confédération a fait le point vendredi à propos de la situation en Afghanistan. Sur les près de 300 personnes qui doivent être accueillies, seule une vingtaine a pu partir.

L’ambassadeur Hans-Peter Lenz, chef de la cellule de crise Afghanistan, a expliqué vendredi après-midi où en était la situation des évacuations prévues par la Suisse.

L’ambassadeur Hans-Peter Lenz, chef de la cellule de crise Afghanistan, a expliqué vendredi après-midi où en était la situation des évacuations prévues par la Suisse.

Capture d’écran You Tube

La situation à Kaboul reste confuse et l’évacuation de ressortissants suisses et d’employés afghans travaillant pour la Suisse, ainsi que des membres de leur famille, se fait au compte-gouttes. Devant la presse, à Berne, vendredi après-midi, l’ambassadeur Hans-Peter Lenz, chef de la cellule de crise Afghanistan, a donné quelques informations sur l’état des opérations en cours.

Le responsable a tout de suite expliqué qu’il n’était pas aisé de donner des chiffres précis car ils évoluent en permanence. «Depuis le début de l’opération d’évacuation, il y a toujours plus de Suisses qui s’annoncent depuis Kaboul pour pouvoir quitter le pays.» Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dénombre à l’heure actuelle 35 ressortissants suisses sur place, dont onze ont pu quitter l’Afghanistan et un est arrivé en Suisse.

Sur les 40 personnes ayant un permis de séjour permanent en Suisse, huit ont pu partir. Parmi les employés afghans travaillant pour la Suisse et leurs familles (environ 230 personnes), «aucun n’a pu quitter l’Afghanistan», a précisé Hans-Peter Lenz. Un d’entre eux se trouve en attente à l’aéroport de Kaboul.

«Pas terminé demain»

L’ambassadeur ne se risque pas à fixer des délais précis quant à la fin des opérations, tant la situation sur place est compliquée. «On espère qu’on va réussir ces prochains jours, mais c’est sûr que ça ne sera pas terminé demain ou après-demain», a-t-il déclaré.

Les responsables de la Confédération ont indiqué que le contrôle total de l’aéroport par les Américains rendait la mission difficile. «Il n’est pas facile de se faire entendre», explique Hans-Peter Lenz. «De très nombreux pays ont les mêmes intentions que nous. Il n’est pas envisageable que nous obtenions une priorité pour le départ des Suisses.»

Parallèlement, le Parti socialiste a revendiqué, vendredi, en remettant à la Chancellerie fédérale un appel muni de plus de 43’000 signatures, l’accueil de 10’000 personnes vulnérables supplémentaires. Pour le chef de la cellule de crise Afghanistan, cette revendication n’est pas envisageable. «Ce n’est pas possible si on est réaliste par rapport à la situation. Les Allemands ont réussi à évacuer 1000 Afghans par avion», avance-t-il à titre de comparaison.

Par ailleurs, la Confédération a envoyé vendredi un avion de la compagnie Swiss qui doit se poser à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, pour rapatrier les personnes évacuées de Kaboul. L’avion ramènera aussi en Europe des ressortissants suisses ainsi que d’autres personnes de différentes nationalités, a annoncé le DFAE.

Ce dernier ajoute que jeudi, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue ouzbek Abdulaziz Kamilov, le conseiller fédéral Ignazio Cassis est parvenu à régler divers problèmes logistiques du vol charter et l’a remercié pour le soutien de l’Ouzbékistan aux efforts d’évacuation au départ de l’Afghanistan. Ce vol charter permettra aussi d’acheminer à Tachkent environ 1,3 million de masques de protection contre le Covid-19, que la Suisse offre à l’Ouzbékistan.

Aéroport difficile d’accès, l’OTAN inquiet

Les pays de l’Otan ont mobilisé suffisamment d’avions pour leurs opérations d’évacuation en Afghanistan, mais les personnes voulant être évacuées ont les plus grandes difficultés à rejoindre l’aéroport de Kaboul, s’est alarmé vendredi le chef de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg. Les 30 Etats membres de l’Otan ont appelé vendredi les talibans à permettre aux personnes voulant être évacuées de quitter l’Afghanistan et réclamé que les pays de l’Alliance restent en «étroite collaboration» sur ces opérations. «Le plus gros défi est de mettre ces personnes dans les avions. Le facteur restreignant n’est pas le manque d’avions, c’est la capacité de ces gens à rejoindre l’aéroport», a expliqué devant la presse le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. «Nous avons davantage d’avions (disponibles pour les évacuations) que de passagers (prêts à embarquer), car c’est un défi de plus en plus épineux de permettre à ces personnes d’arriver jusque dans l’aéroport», a-t-il insisté. Si des milliers de personnes ont déjà pu être évacuées, les talibans sont désormais accusés de traquer pour les arrêter des Afghans ayant travaillé pour l’Otan, et de restreindre l’accès à l’aéroport. Le calendrier fait également débat: alors que les Etats-Unis ont affirmé vouloir achever le retrait de leurs troupes d’Afghanistan d’ici au 31 août, plusieurs pays ont plaidé vendredi pour «une extension» afin «d’être en mesure de sortir davantage de personnes», a souligné le Norvégien.

(Julien Baumann)

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