Procès en FranceCondamnés à 8 ans et 2 ans de prison pour l’agression d’un prêtre grec
Un mari jaloux et sa femme faisaient face à la justice pour la grave attaque de l’ex-amant de l’épouse, ciblé par des tirs de fusil en 2020 à Lyon.
Un mari jaloux, accusé d’avoir tiré au fusil sur un prêtre orthodoxe à Lyon en 2020, a été condamné vendredi à huit ans d’emprisonnement et son épouse à deux ans pour complicité par la cour d’assises du Rhône.
«Elle a monté son mari contre son amant»
Le jury n’a pas suivi l’avocat général qui avait réclamé plus tôt dans l’après-midi, 10 ans de réclusion criminelle contre Giorgi P., 42 ans, et Lela K., 38 ans. Le magistrat avait estimé que les époux avaient eu un rôle équivalent dans l’agression de Nikolaos K., grièvement blessé le 31 octobre 2020 à la porte de son église. A l’époque, la piste d’un attentat terroriste avait été redoutée au lendemain de l’attaque contre une basilique à Nice. Mais il est vite apparu que le crime avait été motivé par une brève liaison entre la jeune femme et le prêtre grec.
Selon l’avocat général de la cour d’assises du Rhône, la jalousie du mari s’était combinée avec la volonté de vengeance de l’épouse, éconduite après deux rapports sexuels. «Elle a monté son mari contre son amant, en l’assistant dans l’acte criminel, en lui donnant les indications utiles à leur projet commun», avait lancé Thierry Luchetta dans son réquisitoire. Quant à Giorgi Praga, «il n’a pas agi dans la rage incontrôlée, il a agi par un froid calcul», avait ajouté le magistrat. Les repérages et le fait de tirer à courte distance avec un fusil à canon scié démontrent «une volonté préparée de faire mal».
«Il ne méritait pas ça»
Après un passé douloureux en Géorgie, sur fond de guerre civile, le couple a été hébergé par la communauté d’Emmaüs en Bourgogne et s’est marié en 2015, avant de s’installer à Lyon. Selon un expert psychiatre entendu à la barre, le couple présente une fragilité résultant des traumatismes du conflit dans leur pays. Le frère de l’accusée en a témoigné vendredi matin. «Nous sommes des enfants de la guerre», a déclaré Kakhaber K., 43 ans, en exposant les souvenirs traumatiques infligés par l’occupation russe en Georgie et notamment des images de «cadavres éparpillés dans la ville». Mis en cause par la défense et par le témoignage de son ex-épouse, qui l’a accusé «d’emprise et de manipulation», Nikolaos K., n’a pas assisté au procès. «Quand bien même il aurait tous les défauts de la terre, il ne méritait pas ça», avait dit l’avocat général.