FootballCommentaire: Au FC Sion, Zidane, Tartempion ou Machin, c’est pareil
Le club de Tourbillon aurait davantage besoin d’une méthode de travail et d’exigences plus élevées que d’un nouveau coach. Son nul contre Lugano (1-1) ne résout rien.
- par
- Nicolas Jacquier
Pour percevoir le fonctionnement du FC Sion et la très grande déperdition qui en découle, il faut aller se promener à Riddes pour y suivre l’un de ses entraînements. Et là, vous avez compris; tout s’éclaire ou presque instantanément. Tous ceux qui ont eu l’occasion d’assister à une séance d’entraînement du club valaisan en tirent généralement la même conclusion: cela ressemble à une aimable plaisanterie tant la discipline, l’intensité et l’engagement ne sont pas souvent ce qui frappe le visiteur au premier coup d’œil. On a plutôt le sentiment de voir à l’œuvre une joyeuse bande de potes en goguette, avec plus d’oisiveté et de coulage que de réelle application partagée et de litres de sueur perdus devant les efforts consentis en commun…
L’ennui devant un tel comportement dans le travail au quotidien (même s’il doit exister de meilleurs jours…), c’est que tout cela se répercute inévitablement le week-end sur la pelouse. Cela s’est à nouveau vérifié ce dimanche quand les sénateurs - les «touristes», ne manqueront pas de penser certains - de Tourbillon se sont d’abord moqués du monde et de leur entraîneur contre Lugano.
Capitaine fantomatique
Le dilettantisme agaçant de Mario Balotelli et ses allures de diva incomprise représentent à lui seul une «arnaque». Il faut croire que personne, dans l’entourage du club, n’est parvenu jusque-là à en faire façon et que lui-même ne se sent pas investi d’une mission. Sortir son capitaine dès la pause reste au demeurant un geste fort de la part de celui qui a dépensé plusieurs millions de francs pour le convaincre de venir poursuivre sa tournée d’adieux en Suisse - en échange de quoi? Tant Sion, libéré de la tutelle encombrante de Balotelli, a paru retrouver un semblant d’allant, celui-là même qu’il affichait avant l’engagement de son fantomatique No 45.
Dans ce qui aurait pu être le remake de la Coupe sans un sauvetage de Lindner devant le buteur Doumbia (38e), un immense raté de Daprela, enlevant le ballon du 0-2 à Amoura (55e) et une réussite tessinoise annulée pour un hors-jeu peu évident (87e), Sion allait pourtant redevenir par instant Sion, ou du moins ce qu’en attend un public fondant désormais aussi vite que la neige, lorsque son président a choisi de laisser ses stars au vestiaire. Il a fallu un but de l’éternel Sio pour que son club n’enfile pas le costume de barragiste au soir de la 23e journée - un scénario qui le verrait aujourd’hui affronter Lausanne pour le maintien (ou la promotion) en Super League.
Sans doute tout cela n’est-il que la conséquence d’un système ayant longtemps contribué à faire du club valaisan une heureuse exception aussi critiquée qu’enviée au sein de la Ligue mais qui a aujourd’hui fait son temps. Christian Constantin peut bien gesticuler tant qu’il veut, cela ne changera rien au problème de fond. La vérité, c’est que «son» FC Sion aurait davantage besoin d’un véritable projet, d’une méthode de travail et d’une rigueur lui permettant de retrouver ses valeurs historiques – état d’esprit, identité, orgueil, combativité, etc. - que d’un entraîneur au moment où son patron doit dégoter le technicien qui lui succédera au bord de la touche.
Du recyclage jusque sur le banc?
Cela reviendrait à responsabiliser des joueurs qui ne sont pas conscients de leurs privilèges et en abusent, quitte à le faire inconsciemment. Que le futur coach s’appelle Zinédine Zidane, Tartempion ou Machin ne modifiera pas la situation d’un club englué dans les contradictions qu’il a créées. On pourrait certes reprocher beaucoup de choses à Constantin mais en aucun cas le fait de ne pas être passionné - qui donc parmi ses employés footballeurs le sont autant que lui? Avec le retour pressenti de Paolo Tramezzani pour un quatrième passage depuis 2017, Sion devrait semble-t-il privilégier l’option de faire à nouveau du recyclage jusque sur son banc.
Quel sens faut-il y voir? Au-delà de la bataille pour le maintien, une question existentielle se pose en filigrane: si Christian Constantin a réellement l’intention de déposer le FC Sion en Promotion League dans 15 mois comme il ne cesse de l’affirmer (oublions ici le projet du stade), pourquoi vouloir à tout prix continuer à batailler dans l’élite si c’est pour tout bâcher en juin 2024? En l’anticipant, cela permettrait au moins de freiner son inexorable chute.