FootballHumeur: en 2137, on parlera toujours de l’arbitrage au FC Sion!
Depuis l’épisode du penalty litigieux contre Lugano, le club de Tourbillon crie au scandale. Mais à multiplier les offensives tout azimut, Christian Constantin ne dessert-il pas son club? Voilà ce que l’on en pense.
- par
- Nicolas Jacquier
C’est ainsi parce qu’il ne peut pas visiblement en être autrement: dès l’instant où l’on parle du FC Sion, la question brûlante de l’arbitrage – et du traitement spécial dont s’estime victime le club valaisan – finit toujours inexorablement par refaire surface, parfois bien plus rapidement que ce à quoi l’on pouvait s’attendre.
Si Sion se retrouve aussi souvent en ligne de mire, dans le viseur des arbitres, c’est très probablement aussi (surtout?) parce que son président, emporté par ses émotions, s’y connaît comme personne pour souffler sur les braises. Lorsqu’il s’agit de défendre son club, Christian Constantin, prêt à toutes les offensives judiciaires, y compris les plus inutiles, n’a plus de limites. Confronté au sentiment d’injustice qu’il abhorre, le boss de Tourbillon n’aime rien moins que batailler, quitte à parfois basculer dans l’aveuglément.
Deux thèmes récurrents
Depuis plus d’un quart de siècle, on ne compte ainsi plus ses croisades menées contre l’establishment, avec deux thèmes récurrents de prédilection: l’incompétence supposée des dirigeants de la Swiss Football League et la soi-disant faible qualité de l’arbitrage helvétique, ce en quoi il n’a pas forcément tort. Des combats qu’il se sent obligé de conduire au pas de charge, au demeurant souvent perdus d’avance mais qu’importe.
Ajoutée à ses réactions courroucées, la ténacité de CC à vouloir obtenir réparation impressionne certes mais on comprend qu’elle puisse en agacer d’autres. Si ses joueurs avaient toujours déployé sur le terrain autant d’énergie que leur patron n’en dépense pour mener ses combats parfois jusque devant les tribunaux, Sion aurait assurément déjà fait main basse sur le titre de champion.
Reconnaissons pourtant ici que la saison des Valaisans, depuis leur relégation en Challenge League, se déroulait plutôt bien dans ce domaine, le club de Tourbillon n’ayant guère eu l’occasion, jusqu’à présent, de (trop) se plaindre globalement du corps arbitral à son encontre. On a certes le souvenir ici et là de certaines décisions scabreuses, ayant même peut-être pu influer sur le cours d’un match, mais sans doute pas davantage qu’ailleurs. Il y a même eu l’épisode d’un penalty particulièrement généreux que les joueurs de Didier Tholot n’auraient certainement pas obtenu avec la présence de la VAR, s’ils évoluaient encore (ou à nouveau, c’est selon) en Super League.
Alors que l’absence de la VAR n’avait choqué personne en quart de finale contre Young Boys, il a fallu ce week-end la scène litigieuse de la 50e minute et ce penalty du scandale offert à Lugano (dans un monde idéal, plus juste, Doumbia aurait dû être averti pour simulation…) pour que des années de polémiques resurgissent instantanément. En une fraction de seconde, tout a disparu – l’extraordinaire ambiance, les plus de 15 000 spectateurs présents, l’excellent début de match valaisan, etc. –, plus rien n’a alors eu d’importance excepté ce foutu penalty.
CC veut rejouer la demi-finale
Dans la foulée de quelques savoureux dérapages verbaux dont il a le secret, Christian Constantin allait même aussitôt demander à pouvoir rejouer la demi-finale au prétexte d’une inégalité de traitement (avec la présence de la VAR à la Schützenwiese et pas à Tourbillon), une demande qu’il a adressée à Swiss Sport Integrity, l’organe chargé de débusquer les infractions à l’éthique auprès de Swiss Olympic. Sans se laisser nullement démonter, il en a même profité pour déjà proposer une date, fixée à fin mai, quelques jours avant la finale, nous a appris Blick.
En fin de compte, tout cela ne rime à pas grand-chose. L’inquiétude, c’est de penser que ce cirque permanent risque de recommencer de plus belle la saison prochaine si Sion retrouve la Super League comme il en a pris le chemin.
Thèse du complot
À multiplier les offensives tous azimuts, CC fait sans doute davantage de tort à son club que s’il choisissait mieux ses combats. Parce que l’on reste assez convaincu que les arbitres, de façon inconsciente, sans aucunement s’être donné le mot, finissent effectivement par faire payer au boss du FC Sion le prix de ses outrances répétées. À trop se complaire dans un statut victimaire, celui qui porte son club avec toute la passion qui le caractérise ne dessert-il pas la cause qu’il entend défendre? On en est toujours plus certain.
Tout cela finit d’ailleurs par déteindre inexorablement sur les supporters valaisans, hurlant au scandale parce que convaincus à leur tour de la (toujours très pratique) thèse du complot, que tout un canton s’ingénie à ressortir après chaque grossière erreur. À ce rythme, en 2137, on parlera toujours de l’arbitrage au FC Sion!
Plutôt que de gaspiller leur énergie dans des polémiques stériles, le club de Tourbillon et son président feraient mieux selon nous de se concentrer sur la vérité du terrain et ce qui s’y passe, que cela soit en bien ou en mal.