FootballHumeur: Lugano-Servette, ce match qui «emmerde» tout le monde
Avant de s’affronter en finale, Tessinois et Genevois se retrouveront au Cornaredo samedi dans une partie que personne n’aimerait devoir jouer. Voilà qui risque de tourner à la parodie. Autant déclarer forfait, non?
- par
- Nicolas Jacquier
Si les planètes s’étaient toutes alignées, si le club «grenat» n’avait pas notamment connu une longue éclipse qui l’a irrémédiablement éloigné du titre, ce Lugano - Servette du 25 mai aurait pu être un véritable choc au sommet, même la finale du championnat peut-être.
En lieu et place, le rendez-vous du Cornaredo de ce samedi soir (coup d’envoi à 20h30, en direct sur la RTS) ne rime à rien, n’ayant absolument plus aucun sens. À huit jours des retrouvailles entre Servette et Lugano en finale de la Coupe de Suisse au Wankdorf, c’est le match que personne n’aimerait devoir jouer. Quand vous vous apprêtez à disputer la rencontre sinon d’une vie du moins d’une carrière, à quoi bon tenter de faire de la figuration une semaine plus tôt?
Il y a d’abord la réalité comptable, avec des positions figées dans le marbre avant le dénouement officiel de la saison 2023-2024 en championnat - alors même qu’elle était censée recréer un intérêt supplémentaire, fût-il artificiel après la division du championnat en deux groupes, cette nouvelle formule se solde par un premier bide.
Il y avait mieux à faire
Dans le cas présent, on sait déjà que les Tessinois termineront dauphin du champion YB et que Servette, quel que soit son résultat au sud des Alpes, échouera sur la troisième place du podium. Pas nécessairement une honte en soi mais un vrai regret dans la mesure où il semblait y avoir tellement mieux à faire.
Pour les visiteurs, à la clôture d’une saison qui laisse tout le monde sur les rotules, vient encore s’ajouter la fatigue d’un déplacement toujours astreignant, le plus long du calendrier. Au moment où tous les détails comptent, cela aura aussi son importance en termes de récupération.
Pour ses acteurs, ce Lugano-Servette n’est donc d’absolument aucune utilité, hormis le risque, réel celui-là, de se blesser ou, tout aussi ennuyeux, de récolter un carton rouge synonyme de suspension automatique pour la finale.
Dans ces conditions, puisqu’il faut bien à priori jouer, comment l’aborder? Pas besoin de lire dans une boule de cristal pour imaginer que les deux équipes alignées samedi au Cornaredo ne ressembleront en rien à celles que l’on retrouvera le 2 juin à Berne. Tant Mattia Croci-Torti que René Weiler (et sans doute encore davantage celui-ci) voudront en priorité cacher leur jeu, ne pas donner le moindre avantage à l’adversaire en prenant le moindre risque.
Des équipes bis
Levant le voile, le coach de la Praille a implicitement laissé entendre qu’il allait faire tourner, un choix que son homologue devrait également adopter. «Les formations que l’on verra samedi en championnat ne seront certainement pas celles qui commenceront la finale», a déjà convenu en substance Weiler.
Parce que sans le moindre enjeu, le match du Cornaredo sera donc un match de dupes, celui des deuxièmes voire troisièmes couteaux, avec un Lugano bis affrontant un Servette bis. Il est aussi fort probable que les Genevois laissent au repos - et surtout à la maison - plusieurs de leurs cadres essoufflés sinon tous afin de ne pas accumuler des heures de voyages inutiles.
Parmi les autres options figurerait celle consistant à envoyer une autre équipe, qui ne pourrait toutefois pas être les M21, d’ores et déjà relégués et engagés le même jour contre les espoirs d’YB pour ce qui sera leur dernière apparition en Promotion League.
Cas de force majeure
Il existe enfin un choix beaucoup plus radical encore qui serait de déclarer forfait au motif d’incompatibilité de calendrier. Ou pour raison de force majeure si vous préférez, avec une finale de Coupe attendue à Genève depuis plus de deux décennies. Si près du but, est-ce vraiment le moment de s’éparpiller et de gaspiller de l’énergie?
Un tel comportement ferait bien sûr tache dans le paysage avec un Servette qui s’en tirerait sans doute avec une défaite 3-0 forfait assorti d’une lourde amende. Mais ne serait-ce pas là le prix à payer afin de vraiment mettre tous les atouts de son côté et, accessoirement, d’échapper ainsi à la parodie qui nous attend?
À chacun de répondre en son âme et conscience, sachant que seule la victoire sera jolie le 2 juin. On n’est bien sûr pas René Weiler mais si l’on était à sa place, on aurait déjà bâché et décommandé l’hôtel qui doit accueillir Servette à Lugano ce week-end!