CommentaireCette carte qui fait si mal aux yeux ce lundi!
La Suisse romande s’est pris une claque ce dimanche. Ce sont les cantons conservateurs et les communes riches qui ont fait passer le projet défendu par Alain Berset. Un drôle de paradoxe.
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Un vote qui représente également la disparité des richesses en Suisse.
RTSCe dimanche 25 septembre restera comme une drôle de victoire pour Alain Berset, car en réalité ce sont ses adversaires politiques habituels qui ont gagné. En analysant le vote, le socialiste fribourgeois peut dire merci aux cantons de la Suisse centrale et celui d’Appenzell Rhodes-Intérieures, qui ont soutenu sa réforme à plus 60%! C’est dans ces montagnes pourtant qu’il est le moins apprécié, où parfois il est même détesté.
Un cas d’école
Ce sont les cantons où le patriarcat est le plus fort, qui ont décidé de mettre les femmes au travail jusqu’à 65 ans. La politique suisse est parfois tordue, les concessions et les compromis d’un conseiller fédéral sont monnaie courante. On les connaît, on les comprend, mais là, c’est tout de même un cas d’école, dont il faudra tirer les conséquences. D’ailleurs Alain Berset avait le triomphe très «modeste» dimanche face au désarroi de ses camarades. Qu’a-t-il voté lui-même? «Les sentiments d’un conseiller fédéral ne doivent pas dominer l’agenda», a-t-il dit.
La Suisse romande a voté socialiste
Cette augmentation de l’âge de la retraite des femmes est une promesse d’égalité en papier. Il reste tant à faire pour elles dans ce pays, où durant toute une vie de labeur elles gagnent en moyenne 43% de moins. La Suisse romande a très largement refusé cette réforme. Elle a voté socialiste, même en Valais! Ce n’est pas parce que le Valais a viré à gauche, non. Si l’on regarde la carte du vote, des communes très à droite ont voté non à ce projet. Ce qu’elles ont en commun – de Porrentruy à Sierre, d’Yverdon à Vernier - c’est une certaine pauvreté, des classes sociales défavorisées, des personnes âgées sans le sou et un service social débordé. Dans ces endroits, une année d’AVS en moins pour une femme, c’est une perte nette, qui doit être compensée au niveau local.
Des communes riches
De l’autre côté de la Sarine – dans l’autre Suisse dira-t-on ce matin - les habitants des communes riches alémaniques ont adoré cette réforme. À Herrliberg sur la Goldküste, la côte dorée zurichoise, où habite Christoph Blocher, 73% des gens ont soutenu le projet d’Alain Berset. En se penchant sur la carte, on constate cette tendance alémanique: plus les communes sont riches, plus elles ont dit oui! Parce que chez elles, les personnes âgées sans le sou sont rares et le service social quasi-inexistant.
Un vote égoïste
Les femmes précarisées, en Suisse romande en particulier, ont raison de dire que cette réforme se fait sur leur dos. Cette votation a divisé la Suisse comme jamais. D’un côté, les conservateurs alémaniques, patriarches et riches, ont imposé leur «diktat», un vote égoïste et cynique vis-à-vis des gens qui tirent le diable par la queue. De l’autre, des Romands, pas tous forcément progressistes, ont exprimé leur attachement à la solidarité pour les plus faibles. Ils n’ont pas gagné cette fois, de peu, mais ce n’est que partie remise.