Coupe du monde de rugbyLa France sélectionne un joueur condamné pour violences racistes
La polémique enfle dans l’Hexagone, où la Coupe du monde de rugby commence vendredi. Le passé judiciaire du joueur Bastien Chalureau fait réagir jusqu’à la ministre des Sports.
Ce vendredi, la France lancera «sa» Coupe du monde à domicile lors d’un choc face à la Nouvelle-Zélande, au Stade de France. Une polémique secoue l’équipe tricolore, depuis ce week-end, prenant même une ampleur politique. La sélection du joueur Bastien Chalureau a mis le feu aux poudres.
Le deuxième ligne a été appelé vendredi, en équipe de France, pour remplacer son coéquipier en club Paul Willemse. C’est le passé judiciaire du Montpelliérain qui pose problème, et plus particulièrement une condamnation pour «des violences à caractère raciste» remontant à 2020.
«Ça va les bougnoules?»
Bastien Chalureau avait a été condamné cette année-là par le Tribunal correctionnel de Toulouse, à six mois de prison avec sursis, pour des «faits de violence avec la circonstance que ces derniers ont été commis en raison de la race ou de l’ethnie de la victime».
Le rugbyman de 31 ans affirme avoir fait appel de ce jugement. Il est accusé par deux anciens joueurs de les avoir agressés après une soirée à Toulouse. «J’ai entendu une personne qui criait: ‘’Ça va les bougnoules?’’ Je me suis retourné et j’ai aperçu un gars costaud (…) Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J’ai voulu me retourner et il m’a décroché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire» avait raconté l’un d’eux, Yannick Larguet, dans les colonnes du quotidien régional «La Dépêche du Midi».
Critique de la gauche française
Suite à cette rixe, Bastien Chalureau avait été mis à pied par son club, le Stade toulousain. Recruté par Montpellier, il confirme ensuite les espoirs sportifs qu’il a suscités, conquérant son premier titre, le Challenge européen, en juin 2021. Il devient l’un des artisans du sacre en championnat de France des Héraultais avec qui il soulève son premier Bouclier de Brennus en 2022.
L’arrivée du joueur chez les Bleus a provoqué des réactions jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir français. Plusieurs politiciens de gauche ont pris la parole publiquement. «Nous allons saisir la ministre des Sports dès demain pour qu’elle intervienne et qu’elle demande à l’équipe de France de ne pas le sélectionner», a déclaré l’élu de La France insoumise, Thomas Portes, au micro de RMC, dimanche.
La ministre des Sports joue l’apaisement
La ministre Amélie Oudéa-Castera n’est pas restée silencieuse, estimant dimanche que «dans l’attente de la décision de justice définitive, chacun doit laisser la justice faire sereinement son travail, dans le respect de la présomption d’innocence».
«La ministre a pu s’entretenir avec Florian Grill, président de la fédération française de rugby, et avec Raphaël Ibanez, manager général des Bleus, qui lui a confirmé qu’un échange avait pu avoir lieu sur le sujet entre Bastien Chalureau et le staff du XV de France, ajoute un communiqué du ministère transmis à l’AFP. La ministre a pu s’assurer à cette occasion que le joueur, qui a fait appel de sa condamnation en première instance, maintient sa version des faits et nie toujours formellement avoir tenu des propos racistes, raison pour laquelle il a procédé à cet appel.»
Chalureau défendu par son capitaine
Dimanche, le sujet a forcément été mis sur la table lors de la conférence de presse de l’équipe de France. Le capitaine des Bleus Antoine Dupont a affirmé que le «groupe n’était pas affecté» par la polémique et que Bastien Chalureau avait «toujours eu une attitude exemplaire, sur et en dehors du terrain».
Quant au sélectionneur Fabien Galthié, après avoir rappelé que «le racisme n’avait pas sa place dans l’équipe», il a lâché, interrogé sur le fait de savoir si le XV de France avait été touché par l’affaire: «Une Coupe du monde, ce n’est pas pour les mauviettes».