Football: Pour s’en sortir, Sion devra vaincre la malédiction de Tourbillon

Publié

FootballPour s’en sortir, Sion devra vaincre la malédiction de Tourbillon

Alors qu’il surfait sur une dynamique positive, le club valaisan est revenu sur terre après sa défaite à Lugano (2-0). Il lui faut désormais faire la différence à domicile, ce qu’il n’a pas encore réussi à faire en 2023. 

Nicolas Jacquier
par
Nicolas Jacquier
Musa Araz à la lutte avec Renato Steffen, sous les yeux de  Wylan Cyprien.

Musa Araz à la lutte avec Renato Steffen, sous les yeux de  Wylan Cyprien.

Marusca Rezzonico/freshfocus


Le beau temps va et vient, la météo n’est toujours pas durablement établie au-dessus de Tourbillon, ailleurs non plus, hormis au Wankdorf où YB évolue sur une autre planète. Dans ce championnat livré à toutes les circonvolutions, les certitudes ne durent jamais très longtemps, qui ne résistent pas à l’outrage d’une réalité fuyante. Avec des vérités d’un week-end qui ne sont que rarement celles du suivant.

Une victoire - comme celle de Sion au Letzigrund face à GC voici une semaine - et vous baignez aussitôt dans une douce (mais trompeuse) euphorie. Une défaite, à l’instar de celle que les Valaisans ont concédée dimanche au Cornaredo dans les ultimes secondes, et vous voilà à nouveau plongés dans les tracas. Or cette extrême volatilité des sensations risque de nous accompagner jusqu’au dénouement. 

Car il faut l’admettre ici, le visiteur valaisan a perdu à Lugano les points qu’il avait gagnés chanceusement à Lucerne au début du mois dans des circonstances analogues. Mettant un coup d’arrêt à la série positive qui en avait fait la meilleure équipe des trois premières semaines d’avril, Sion a le droit d’en concevoir une frustration légitime. Parce qu’il a produit du jeu, disputant (entre la 15e et la 45e) sa demi-heure la plus aboutie sous l’ère Bettoni, hormis pour la concrétisation des occasions qu’il s’est ménagées.

Au-delà d’un coup d’arrêt qui ne le renvoie pas «deux mois en arrière» selon l’expression de son coach, c’est cette frustration qu’il lui faudra évacuer avant les échéances rapprochées qui se profilent, avec jeudi déjà, la réception d’un FC Bâle certes héroïque sur la scène européenne mais qui en fait en 2023 une formation normale et sans relief à l’échelle helvétique. Tout cela se jouera à Tourbillon, où Sion n’a plus gagné depuis plus de six mois. Une malédiction qu’il lui faudra vaincre.

Les trois enseignements

Impliqué tout le monde afin de ne laisser personne au bord de la route, David Bettoni a toujours fait jouer la concurrence depuis son arrivée à la Porte d’Octodure. Les nombreux forfaits qu’il a dû déplorer au Tessin l’ont contraint à appliquer concrètement le généreux principe d’un turn-over imposé, poussé cette fois à l’extrême avec six changements au coup d’envoi. Quand des valeurs émergent, il faut des leaders pour les porter. Si Saintini n’a pas démérité, Ziegler part avec une longueur d’avance dans l’axe central. Il reste à souhaiter que l’absence de Mario Balotelli, touché aux adducteurs alors qu’il était en passe de retrouver ses sensations, ne se prolonge pas trop… Tant Sion aura bien besoin d’un joueur hors norme pour faire les différences dans les rudes batailles qui l’attendent. Notre petit doigt nous souffle que Sion devra cravacher ferme jusqu’au bout pour s’en sortir. On sait déjà qu’il en a l’habitude.

La lutte pour échapper à la place de barragiste nécessite aussi de savoir garder ses nerfs, ce qui suppose d’éviter les cartons stupides. Dans ce domaine-là, Sion a encore une belle marge de progression. Au sud des Alpes, il a payé au prix fort les incartades irréfléchies d’Abdel Zagré et Gora Diouf, deux gamins de 19 ans victimes autant de leur désir de trop bien faire que de leur manque de clairvoyance. Deux cartons rouges lourds de conséquence et qui doivent faire réfléchir ceux qui les ont subis. Gérer son impulsivité, cela s’apprend aussi… 

Pour Abdel Zagré, un  premier carton, suivi d’un second avertissement récolté 120 secondes plus tard synonyme d’expulsion.

Pour Abdel Zagré, un  premier carton, suivi d’un second avertissement récolté 120 secondes plus tard synonyme d’expulsion.

Marusca Rezzonico/freshfocus

Au moment où le club bernois pourrait être couronné dès mardi - une victoire au Letzigrund face à GC lui permettrait de récupérer son titre -, faut-il plus louer la démonstration d’YB ou s’étonner de la faiblesse globale de l’opposition? Avec un suspense, excepté pour ce qui concerne une course au titre jouée d’avance, présent partout. Cette Super League demeure sans conteste le championnat le plus dingue de la planète si l’on sait que seulement 13 unités séparent Lucerne (2e) de la lanterne rouge Winterthour. À titre indicatif, au même stade de la saison voici 12 mois, on comptait 35 points d’écart entre Bâle (2e/52) et Lausanne (10e/17) après la 29e journée. Alors qu’il reste 21 points en jeu, Sion s’apprête à affronter avec Bâle et Zurich les deux formations qui le précèdent. C’est dire s’il n’aura pas le droit de se louper.

Le meilleur (à Sion)

Kevin Bua a longtemps été un joueur méconnaissable, voire relégué aux oubliettes. Et voilà que le Genevois apparaît revigoré, comme transformé. À Lugano, l’homme a été impliqué dans tous les bons coups. On croise les doigts pour que cela continue.

Les moins bons

On en revient forcément à Zagré et Diouf, dont les cartons rouges vont priver David Bettoni de solutions pour les échéances à venir. Et quand l’on sait qu’un maintien se joue aussi au niveau des cartons multicolores…  

Capitaine un jour, capitaine toujours

Dans la mêlée, Fickentscher boxe le ballon devant Celar et Arigoni. Le revenant a longtemps été irréprochable.

Dans la mêlée, Fickentscher boxe le ballon devant Celar et Arigoni. Le revenant a longtemps été irréprochable.

Marusca Rezzonico/freshfocus

Heinz Lindner (pouce fracturé) blessé pour au moins trois semaines, Kevin Fickentscher n’a pas seulement retrouvé au Cornaredo sa place naturelle entre les poteaux valaisans. Il a aussi récupéré le brassard de capitaine qui était le sien avant de changer de rôle (et de devenir doublure cette saison). Un signe fort de la part de David Bettoni, s’expliquant aussi par les absences de Balotelli (capitaine de route) et de Ziegler (vice-capitaine). Irréprochable pendant 89 minutes, le nouveau No 1 du FC Sion, certes bousculé par Saintini dans sa sortie, n’a pas été à son avantage sur le but du K.-O. La tache sur un smoking qu’il lui faudra remettre dans trois jours.

La décla’

«Je suis dégoûté. On méritait 1000 fois mieux. On a bien tenu et fait les efforts. Le foot ne nous récompense pas»

Numa Lavanchy, défenseur du FC Sion, évoquant au micro de blue Sports son sentiment de frustration au coup de sifflet final.

Une question pour penser à l’avenir (proche)

Restant sur une série négative de six défaites et deux nuls à domicile, Sion réussira-t-il enfin à crier victoire jeudi soir devant son public?

Ton opinion