Chine«Une escalade militaire à Taïwan serait un scénario catastrophe»
Lors de sa visite à Pékin, la ministre allemande des Affaires étrangères a interpellé la Chine sur l’épineux dossier taïwanais et la guerre en Ukraine.
Annalena Baerbock n’a pas mâché ses mots. Vendredi, lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue chinois Qin Gang, la ministre allemande des Affaires étrangères s’est montrée très ferme sur la question de Taïwan. La Chine vient à nouveau d’y lancer des manœuvres militaires d’ampleur. «Une escalade militaire dans le détroit de Taïwan, où transite chaque jour 50% du commerce mondial, serait un scénario catastrophe pour le monde entier», a-t-elle affirmé.
«Taïwan appartient à la Chine», a rétorqué Qin Gang. Et «personne n’espère plus que les compatriotes des deux côtés du détroit de Taïwan le maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan et la réalisation de la réunification pacifique de la patrie», a-t-il ajouté. Une déstabilisation du détroit «aurait des conséquences dramatiques pour tous les pays du monde et donc pour l’ensemble de l’économie mondiale», a martelé Annalena Baerbock, appelant les parties à «empêcher toute escalade».
«Nous souhaitons que la Chine fasse pression sur la Russie»
La cheffe de la diplomatie allemande a par ailleurs évoqué la guerre en Ukraine et exhorté Pékin à agir. «Aucun autre pays n’a plus d’influence sur la Russie que la Chine», a estimé Baerbock. «Je dois dire ouvertement que je me demande pourquoi la position chinoise n’inclut pas jusqu’à présent une demande à l’agresseur russe d’arrêter la guerre», a-t-elle déclaré. «De la même manière que la Chine s’est engagée avec succès pour un équilibre pacifique entre l’Iran et l’Arabie saoudite, nous souhaitons que la Chine fasse pression sur la Russie pour qu’elle mette enfin un terme à son agression et qu’elle participe à une solution pacifique du conflit», a ajouté la ministre.
La visite de Baerbock intervient une semaine après celle du président français Emmanuel Macron et de la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui avaient également appelé Pékin, proche de Moscou, à jouer un rôle pour la paix en Ukraine. Ces dernières semaines, la pression internationale s’est accrue pour pousser la Chine à intervenir auprès de la Russie et l’amener à la table des négociations. Depuis le début du conflit, Pékin se dit officiellement neutre, sans jamais condamner l’invasion russe.
«La Chine a toujours pensé que la seule façon de résoudre la crise ukrainienne était de promouvoir la paix et les pourparlers», a déclaré vendredi Qin Gang. «La Chine est prête à continuer à œuvrer pour la paix et espère que toutes les parties impliquées dans la crise resteront objectives et calmes, et qu’elles feront ensemble des efforts constructifs pour résoudre la crise par le biais de négociations», a-t-il ajouté.