Couronnement Charles IIILes Australiens se tamponnent de la cérémonie de samedi
Dans le pays, le débat se concentre davantage sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones, autrefois opprimés par la couronne britannique.
Le couronnement de Charles III ne suscite guère d’engouement en Australie, pays membre du Commonwealth. De la révocation en 1975 du Premier ministre australien de l’époque jusqu’au référendum de 1999 portant sur l’instauration d’une république, la question du rôle de la monarchie a toujours agité le débat national de cette ancienne colonie britannique. De récents sondages montrent que la plupart des Australiens sont favorables à l’instauration d’une république.
Ce débat n’occupe pourtant pas actuellement le devant de la scène politique, qui s’intéresse plutôt au projet du gouvernement travailliste d’inscrire dans la Constitution le droit pour les Aborigènes d’être consultés sur les sujets les concernant. Pour le Premier ministre Anthony Albanese, il s’agirait d’un premier pas pour remédier à une longue injustice. Selon de récents sondages, ce projet gouvernemental a de grandes chances de l’emporter.
Puissant symbole de souffrance
Pour beaucoup d’Aborigènes, la couronne reste un puissant symbole de la souffrance infligée par les colons britanniques, qui ont débarqué pour la première fois en 1788, dans ce qui est devenu le port de Sydney. La couronne britannique a supervisé le pillage des terres aborigènes, affirme Hannah McGlade, avocate et universitaire membre d’une communauté autochtone.
Des membres de la famille royale «ont joué un rôle clé dans la dépossession des peuples autochtones» sans jamais avoir à «rendre de compte», estime-t-elle. «Notre peuple en souffre», souligne l’avocate. Lorsque l’Australie était sous domination coloniale britannique, les Aborigènes ont été chassés de leurs terres, soumis au travail forcé et massacrés lors d’affrontements sanglants avec les colons britanniques.
Selon l’historienne Cindy McCreery de l’Université de Sydney, l’opinion des jeunes australiens sur la monarchie est intimement liée à la question de la souffrance des premiers peuples autochtones. «Certains Australiens sont, de manière pragmatique, peu préoccupés par l’identité du chef de l’État. Pour d’autres, ces questions commencent à devenir des points de blocage», explique l’historienne.
Charles III doit faire davantage
Nombre d’Australiens n’ont par ailleurs guère apprécié d’être appelés à faire allégeance au souverain lors du couronnement. «Peu d’Australiens souhaitent y prendre part. Les Australiens n’aiment pas vraiment ce genre d’engagement public, qui rappelle presque le serment d’allégeance américain», estime-t-elle.
En amont de la cérémonie de couronnement, plusieurs événements se tiendront samedi en Australie. Une salve de 21 coups de canon sera notamment tirée à Canberra, l’opéra de Sydney sera illuminé et des soirées pour assister au couronnement organisées.
Lors d’une visite en 2018 en Australie, le futur roi avait rencontré des dirigeants aborigènes, mais nombre d’entre eux estiment qu’il doit aller plus loin. Des leaders de communautés autochtones de douze anciennes colonies britanniques, dont l’Australie, ont écrit jeudi au roi, l’exhortant à présenter des excuses officielles et à entamer des discussions sur une compensation financière.