Commentaire – Loi Covid-19: la dictature sanitaire ou l’arroseur arrosé

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CommentaireLoi Covid-19: la dictature sanitaire ou l’arroseur arrosé

Ceux qui dénoncent aujourd’hui une «dictature sanitaire» sont souvent ceux qui ont défendu les mesures de surveillance les plus intrusives dans le renseignement, la surveillance des assurés, les mesures contre le terrorisme ou la loi sur l’asile.

Eric Felley
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Eric Felley
Avec la loi Covid-19, le débat sur les libertés individuelles a pris une autre tournure.

Avec la loi Covid-19, le débat sur les libertés individuelles a pris une autre tournure.

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Les restrictions liées à la pandémie, la vaccination ou la présentation d’un certificat sanitaire sont dénoncées depuis des mois comme une forme de «dictature sanitaire» qui touche nos libertés fondamentales. Cette population réfractaire est composée de personnes très diverses qui peuvent être des écologistes ou des sonneurs de cloche de Suisse centrale. Sur le plan politique, c’est cependant l’UDC qui se positionne dans l’opposition à la politique fédérale dénonçant, selon les mots de son président Marco Chiesa, «la surveillance de masse et le contrôle étatique abusif».

En y regardant de plus près au Parlement, c’est bien souvent ce parti qui a été à la pointe dans les mesures de surveillance de masse ou de contrôles étatiques! On peut rappeler quatre dossiers dans lesquels il a, la plupart du temps, suivi la ligne la plus dure: la loi sur le renseignement, la base légale pour la surveillance des assurés, les mesures policières de lutte contre le terrorisme et les multiples révisions de la loi sur l’asile.

Fouiller les téléphones

La première a donné des pouvoirs étendus au Service de renseignement de la Confédération pour la surveillance des télécommunications, la seconde a affaibli la protection de la vie privée des assurés et la troisième a permis à la police de prendre des mesures coercitives sur la base de simples soupçons. Quant au dossier de l’asile, on retiendra simplement les deux dernières moutures qui permettent de fouiller dans les téléphones portables des requérants ou les obliger à subir des tests Covid de force pour les renvoyer chez eux.

Ces différents dossiers ont donné lieu à de récurrentes controverses sur les questions relatives à la protection de la sphère privée, sur les pouvoirs de surveillance donnés à l’État, sur les garde-fous ou sur les voies de recours des citoyens. La plupart du temps on peut dire que ce débat a généré une opposition entre la droite et la gauche. La première s’est montrée plus favorable à ces mesures en fonction des personnes visées: agitateurs potentiels, assurés, terroristes ou requérants d’asiles. La seconde a défendu un discours plus juridique basé sur le respect des droits fondamentaux.

Le peuple confirme

Finalement, la majorité de ce pays étant ce qu’elle est, le peuple suisse a confirmé plusieurs fois dans les urnes ces réformes sécuritaires. 65,5% en 2016 pour la loi sur le renseignement, 64,7% en 2018 pour la surveillance des assurés et 56,7% en 2021 pour les mesures policières contre le terrorisme. Chacune de ces lois a renforcé le pouvoir de surveillance de l’État et restreint le champ des libertés individuelles pour certaines catégories de personnes. La majorité s’en accommode estimant que la société tout entière y gagne en sécurité.

Parmi les gens qui s’opposent aujourd’hui à la loi Covid-19 au nom de la liberté et contre la surveillance de masse, figurent certainement des gens sincères qui ont toujours tenu une ligne dans ce sens. Mais beaucoup d’autres ne craignent pas la contradiction, tant ce débat est à géométrie variable en fonction des personnes visées.

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