CommentaireLes indifférents, les mécontents et Pierre Maudet
Les élections genevoises provoquent un nouvel émiettement de l’électorat du bout du lac. La droite a quatre semaines pour confirmer au Conseil d’État.
- par
- Eric Felley
Le plus grand parti de Genève demeure les abstentionnistes. Deux tiers de l’électorat ont boudé les urnes ce week-end. Ce n’est pas nouveau, mais le phénomène s’est accentué, alors que le choix était pourtant vaste sur l’échiquier politique. Après les indifférents, les mécontents constituent sans doute le deuxième parti de Genève. Tout à droite l’UDC et le MCG grossissent leurs rangs, alors qu’on leur prédisait le contraire.
Des mécontents d’un autre style, plus résilients, ont rejoint le sillage de Pierre Maudet. Sa liste Libertés et Justice sociale atteint le quorum pour former un nouveau groupe au Grand Conseil. L’émergence cette formation, en marge du PLR et du Centre, marque un nouvel épisode dans la «chapellisation» de l’électorat genevois. Liberté et justice sociale – ni de droite, ni de gauche, selon les désirs de son créateur – est dans l’air du temps pour séduire les déçus des partis traditionnels. Mais à la fin, ils voteront soit avec la gauche pour les projets sociaux, soit avec la droite pour les libertés. Cela dit, Pierre Maudet reste fondamentalement un homme politique de droite.
En attendant Mauro Poggia?
Les regards sont dorénavant tournés vers le deuxième tour au Conseil d’État le 30 avril prochain. La situation est plus complexe en fonction de la personnalité des candidates et candidats. Le duo PLR, Nathalie Fontanet et Anne Hiltpold occupe une bonne position, les sortants Thiérry Apothéloz (PS), Antonio Hodgers (Vert.e.s) et Fabienne Fischer (Vert.e.s) résistent bien. Ensuite Pierre Maudet et Carole-Anne Kast (PS) sont dans un mouchoir de poches. La gauche conserve de peu sa majorité. Huitième, Philippe Morel du MCG n’a pas dit son dernier mot. Et que va faire Mauro Poggia, qui avait laissé entendre qu’il pourrait se présenter au deuxième tour? Pour l’instant, il n’a rien dit, mais s’il devait le faire, cela bouleverserait le classement du premier tour.
Tous contre la gauche en vue des élections fédérales
Dimanche soir, l’idée d’un ticket de droite pour le 2e tour était sur toutes les lèvres. Après le Grand Conseil, la droite a besoin d’une seconde victoire au Conseil d’État pour renverser la majorité. Il s’agit surtout de donner un signal supplémentaire pour les élections fédérales d’octobre prochain. Dans tous les cantons, on sent que la droite veut resserrer les rangs autour du même dénominateur commun: faire barrage au camp rose-vert.