Royaume-Uni«Partygate»: Boris Johnson sauve sa tête
Le Premier ministre britannique a gagné lundi soir un vote de défiance provoqué par une fronde de son Parti conservateur après le scandale du «partygate».
Boris Johnson a obtenu lundi soir 211 voix de députés conservateurs en sa faveur contre 148 demandant son départ lors d’un vote à bulletin secret, ce qui lui permet de rester leader du parti et de sauver son poste de chef du gouvernement.
Deux ans et demi après sa victoire triomphante dans les urnes, le dirigeant de 57 ans, de plus en plus affaibli et contesté, a été rattrapé par l’affaire du «partygate», les fêtes à Downing Street pendant les confinements, relancée fin mai par un rapport dévastateur détaillant les violations des règles édictées face au Covid.
Les événements se sont précipités lundi matin, à peine refermée la parenthèse festive des célébrations des 70 ans de règne d’Elizabeth II. Le président du comité 1922 du Parti conservateur, Graham Brady, a annoncé que le seuil nécessaire des 54 lettres de députés, soit 15% du groupe parlementaire, demandant le départ de Boris Johnson, avait été atteint. En soirée, les députés et ministres se sont succédé dans une salle du palais de Westminster pour voter, à huis clos et à bulletin secret.
Hué pendant le jubilé
Selon un sondage publié lundi par YouGov, 60% des Britanniques voulaient que les conservateurs évincent leur leader – mais seulement 32% des électeurs de la majorité.
Malgré l’accumulation des scandales et la colère du public et de sa majorité, Boris Johnson s’est maintenu ces derniers mois en mettant notamment en avant son rôle moteur dans la réponse occidentale à l’invasion russe de l’Ukraine. Il a aussi été favorisé par l’absence de successeur évident dans les rangs des conservateurs, au pouvoir depuis 12 ans au Royaume-Uni, surtout depuis que l’étoile du ministre des Finances Rishi Sunak, longtemps le chouchou du parti, s’est brusquement ternie en raison de sa fortune et des arrangements fiscaux de sa femme en période de hausse du coût de la vie.
Mais l’effondrement de sa popularité a déjà infligé de lourds revers aux conservateurs à des élections locales début mai. La majorité doute de plus en plus de la capacité de «BoJo», hué par la foule pendant les célébrations du jubilé de la reine, à remporter les législatives de 2024.
Outre les appels à la démission annoncés au compte-gouttes depuis la publication du rapport administratif sur le «partygate» fin mai, le député John Penrose, chargé de la lutte contre la corruption auprès de Boris Johnson, a démissionné lundi et invité le Premier ministre à faire de même, estimant qu’il avait enfreint le code ministériel.
Même s’il a remporté le vote de lundi soir, les problèmes ne seront pas finis pour autant pour Boris Johnson. Fin 2018, Theresa May avait survécu à une motion de défiance avant de démissionner quelques mois plus tard, trop affaiblie. Une autre enquête sur le «partygate» est en outre prévue, celle-ci parlementaire. Si cette dernière conclut que Boris Johnson a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.