Commentaire: Violence sur les enfants: la Suisse doit avoir un discours clair

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CommentaireViolence sur les enfants: la Suisse doit avoir un discours clair

L’ambiance dans les familles helvétiques n’est pas au beau fixe, si l’on en juge par l’enquête menée par l’Université de Fribourg sur la violence faite aux enfants. Il est temps de prendre cette réalité au sérieux.

Eric Felley
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Eric Felley
Dans le domaine de la prévention contre la violence faite aux enfants dans le cadre domestique, la Suisse doit être plus ferme.

Dans le domaine de la prévention contre la violence faite aux enfants dans le cadre domestique, la Suisse doit être plus ferme.

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Tous les parents savent que l’éducation des enfants n’est pas un long fleuve tranquille et que le plus pacifiste d’entre eux peut avoir un geste d’humeur envers son rejeton récalcitrant. Cela peut arriver à n’importe qui. Mais les résultats de l’enquête publiée lundi par l’Université de Fribourg et Protection de l’Enfance Suisse montrent une réalité plus préoccupante sur l’usage trop fréquent de la violence dans le cocon familial helvétique.

Une disposition cynique

L’enquête montre qu’environ un enfant sur deux subit des formes de violence physiques ou psychologiques dans l’environnement familial. 40% des parents interrogés ont admis avoir recours à des châtiments corporels. Ceux-ci sont admis en Suisse… tant qu’ils ne laissent pas de marques. Cette disposition est particulièrement cynique, car «ce qui ne laisse pas de marques» peut faire tout autant de mal que ce qui en laisse.

Mauvaise conscience

L’utilisation de la violence contre les enfants s’explique par la fatigue des parents, l’agacement, la désobéissance ou la provocation de l’enfant. L’enquête montre cependant que les parents qui cèdent à cette violence le regrettent. Huit sur dix auraient mauvaise conscience après avoir brutalisé leur enfant. Il y a donc quelque chose à faire pour les aider.

Une interdiction claire

La Protection de l’Enfance Suisse demande que la Suisse adapte sa législation, en particulier en matière de châtiments corporels. L’éducation relève certes de la sphère privée, mais il y a des limites. On ne tolère pas l’inceste par exemple. Si un geste d’humeur peut survenir chez le meilleur des parents, le recours systématique à la violence, qu’elle soit physique ou psychologique, doit faire l’objet d’une interdiction claire. Selon l’OMS: «Les enfants maltraités, devenus adultes, sont davantage exposés à divers troubles comportementaux, physiques ou psychiques, tels que la propension à commettre des violences ou à en subir».

La Suède l’interdit depuis 1979

Le Parlement fédéral devrait prendre au sérieux cette étude de l’Université de Fribourg et se mettre au travail pour intégrer dans la loi l’interdiction des châtiments corporels, qu’ils laissent au non des marques visibles! Cela ne résoudra pas les problèmes du jour au lendemain, mais ce serait un signal ferme, à valeur préventive, qu’en Suisse, la violence faite aux enfants par leurs parents n’est pas tolérable. La France a décidé en 2019 d’interdire les châtiments corporels, l’Espagne en 2007, l’Allemagne en 2000 et la Suède en 1979, déjà.

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