Jura bernois – «Les passages à niveau peuvent être extrêmement dangereux»

Elle n’habite pas dans le vallon de St-Imier (BE), mais la députée bernoise Anne-Caroline Graber (45 ans) a fait de la liaison routière La Chaux-de-Fonds/Bienne son cheval de bataille. Lundi, deux jours après une collision survenue à Cormoret entre une voiture et un train, la politicienne de La Neuveville qui pratique le jogging s’est remise en selle pour réclamer l’élimination des passages à niveau du Jura bernois, «en particulier de ceux de Renan et de Cormoret».

Dans sa troisième intervention sur ce sujet, l’UDC Anne-Caroline Graber relève que samedi matin, dans la neige et avant l’aube, «l’automobile impliquée s’est retrouvée immobilisée sur la voie ferroviaire alors que les barrières s’abaissaient».

«L’avant du train a déraillé, ce qui a entraîné une suppression du trafic ferroviaire durant plusieurs heures», constate la députée née à La Chaux-de-Fonds. Sa réflexion: «Cet incident montre que les passages à niveau, même munis de barrières, peuvent être extrêmement dangereux, notamment lorsqu’un véhicule et la personne qui le conduit se retrouvent prisonniers entre ces barrières».

Un exemple? Le 3 janvier 2009 à Cormoret, deux adultes et deux enfants ont pu s’extraire juste à temps de leur véhicule projeté au milieu du passage à niveau et happée par un train.

«Dans la collision survenue le 11 décembre 2021, il aurait suffi que la personne qui conduisait la voiture soit handicapée, victime d’un malaise ou sérieusement atteinte dans sa mobilité pour qu’elle décède des suites de la collision», remarque Anne-Caroline Graber.

«Un train qui déraille à cause d’une telle collision peut également blesser certains de ses passagers», relève la députée, quand bien même ce n’était pas le cas samedi dernier pour les 12 passagers du RegioExpress parti de Bienne à 5 h 47.

À la sécurité, Anne-Caroline Graber ajoute la mobilité: «Les passages à niveau contribuent à ralentir la fluidité du trafic, un inconvénient qui tend à s’amplifier à mesure que s’étend judicieusement l’offre ferroviaire sur les lignes concernées», relève-t-elle.

Ces réflexions, la députée les menait déjà il y a cinq ans: en 2016, elle demandait déjà des améliorations sur le tracé de la route cantonale H30, à travers neuf localités. Mais le Conseil exécutif n’a pas voulu de son postulat: le trafic de transit dans le Vallon de St-Imier était trop faible pour justifier la construction d’une route de contournement.

Dans une deuxième intervention: Anne-Caroline Graber s’en prenait cette fois aux huit passages à niveau du Jura bernois, en particulier à ceux de Renan et de Cormoret. Nouveau refus du gouvernement et cette fois, du Parlement par 94 voix contre 43, en raison de coûts jugés «disproportionnés».

«Ces passages à niveau sont considérés comme sûrs, aussi bien par les CFF que par la Confédération, et que la suppression serait techniquement très difficile à réaliser et par conséquent fort coûteuse», indiquaient les autorités bernoises il y a trois ans. Mais Anne-Caroline Graber a consulté les médias pour dire qu’«il semble pour le seul passage à niveau de Cormoret, des incidents survenus à cet endroit se soient produits en 2009, 2013, 2014, 2017 et enfin en 2021».

Après l’accident de samedi, Anne-Caroline Graber veut savoir si le Conseil exécutif considère «toujours comme sûrs les passages à niveau du Jura bernois, notamment celui de Cormoret». La députée renouvelle sa requête auprès des autorités cantonales en faveur de la suppression des passages à niveau de Renan et de Cormoret, qui sont dans le Jura bernois «les plus franchis par le trafic routier».

Sur les 80 passages à niveau du canton, huit sont situés dans le Jura bernois, avec un volume de trafic d’environ 6000 véhicules par jour, conduits par des régionaux et des frontaliers.