FootballAnalyse: La recette européenne du FC Bâle à la loupe
Le club rhénan offre un tout autre visage en Conference League qu’en Super League. Décryptage avant la demi-finale retour contre la Fiorentina jeudi (21h00).
- par
- Valentin Schnorhk
Ailleurs, ils n’y comprennent rien. Ici, on s’efforce de trouver des explications tangibles, même quand l’évidence ne saute pas aux yeux. Le FC Bâle est 6e de Super League, tout en étant en position très favorable de se qualifier pour la finale de la Conference League. Et cela le rend parfois illisible.
Pourtant, dès lors qu’il pénètre sur la scène européenne, le FC Bâle a une recette pour réaliser des exploits. Jusqu’ici, après avoir éliminé Nice en quarts de finale et avoir battu 2-1 la Fiorentina en demi-finale aller, elle fonctionne. Et elle n’a pas de raison de changer pour le retour, ce jeudi (21 heures) au Parc Saint-Jacques.
Le bloc bas, valeur refuge
Heiko Vogel a été nommé directeur sportif du FC Bâle le 1er janvier. Le 6 février, il en est devenu l’entraîneur intérimaire. Et il lui a fallu quelques semaines pour trouver un style, ainsi qu’un système. C’est lorsque l’adversité a commencé à se faire plus menaçante que les Rhénans se sont figés. Après avoir attaqué en 3-5-2 et défendu en 4-4-2, Bâle se repose désormais uniquement sur le 3-5-2. Avec et sans ballon. En Super League, comme en Conference League.
Sauf que si le championnat l’oblige à être protagoniste, la Coupe d’Europe lui permet d’être plus attentiste. Et de se découvrir moins: c’est aux autres (Nice, Fiorentina) de faire le jeu, de par leur statut. Sur la scène continentale, Bâle se repose essentiellement sur un bloc bas. Sur les trois matches qu’il a disputés depuis les quarts de finale, plus de 50% des ballons qu’il a récupérés l’ont été dans son propre tiers de terrain. Cela tourne autour de 45% en Super League, où les Rhénans cherchent surtout à s’activer en zone médiane.
Tant face à Nice que face à la Fiorentina, Bâle a donc surtout tendance à défendre avec une ligne de cinq et trois milieux axiaux. L’idée: avoir un contrôle sur la largeur, plutôt que sur la hauteur de son bloc. Une bonne façon de protéger une défense centrale qui n’est pas forcément dominante dans les duels.
Le 5-3-2 permet donc à Bâle de fermer l’axe du terrain, en orientant l’adversaire sur les côtés, où il doit pouvoir défendre le plus souvent à trois (l’extérieur, le défenseur central excentré et le relayeur excentré). De quoi pouvoir masquer les différences individuelles, même si cela tend parfois à se voir.
Plaisir de défendre
Il n’empêche, c’est une approche qui convient à Bâle. «Nous ne paniquons jamais, faisait remarquer le milieu Andy Diouf après la demi-finale aller. C’est notre plan de jeu, c’est ce que le coach nous demande. Nous avons l’habitude de jouer comme ça, maintenant. Nous devons rester compacts, sans prendre de but et profiter du peu d’occasions que nous pouvons avoir.» Le choix est assumé, plus qu’il n’est subi: il n’y a qu’en fin de match à Nice, lorsque Bâle devait tenter quelque chose, que Vogel a changé de stratégie, en passant à une défense à quatre.
Le reste du temps, le FCB laisse le ballon à l’adversaire et accepte de concéder du terrain. Il a moins de 45% de possession sur ses trois derniers rendez-vous européens (contre 55% en moyenne cette saison en Super League). Surtout, il va très peu dans le dernier tiers adverse: 11 ballons touchés dans la surface adverse à chacune des rencontres contre Nice et également contre la Fiorentina, alors que c’est plus de vingt fois par match en championnat. Autrement dit, Bâle choisit ses moments.
Les transitions, sa meilleure arme
Les Rhénans peuvent se le permettre. Ils ont des armes fatales pour exécuter ce plan-là. La principale: les transitions offensives. En attirant l’adversaire dans son camp, il peut le surprendre à la récupération. Parce que l’espace est dans son dos. C’est aussi le projet à la construction, en attendant le bon moment pour verticaliser et éliminer les lignes adverses: le penalty obtenu par Dan Ndoye contre Nice lors du quart de finale aller, ainsi que le but d’Andy Diouf à Florence sont venus de la sorte.
Parce que Bâle a un effectif qui lui permet de miser beaucoup sur un tel plan. Les deux joueurs précités sont parfaitement mis en valeur par cette approche. Leur vitesse, ainsi que leur capacité de percussion et de projection s’intègrent idéalement dans ce projet qui a pour but d’exploiter les espaces. Au même titre que Zeki Amdouni, ils bénéficient en Coupe d’Europe d’un contexte tactique idéal pour exprimer leur talent respectif.
De quoi permettre à Bâle de valoriser ses occasions. Depuis le début de la saison, il se crée en moyenne moins d’opportunités en Conference League qu’en championnat (1,3 Expected Goals par match contre 1,7), mais il marque plus (1,58, contre 1,33). Autrement dit, la sous-performance offensive qui caractérise les Bâlois le week-end devient une surperformance la semaine.
Les phases arrêtées, pour transformer
Cela s’explique également par la réussite sur les coups de pied arrêtés offensifs. Bâle se créé certes moins de situations dangereuses dans le jeu, mais son approche tactique lui permet d’obtenir quelques coups de pied arrêtés offensifs. Et les Rhénans parviennent à transformer ces phases-là: ils ont inscrit cinq de leurs huit derniers buts européens à la suite de telles séquences.
Sans que celles-ci ne soient particulièrement travaillées, cela dit. À l’instar du but victorieux d’Amdouni à Florence, plusieurs de ces buts sont tombés dans la continuité d’un corner ou d’un coup franc. Une explication tangible? Une des rares opportunités de peser dans la surface adverse, avec du monde. Et d’amener d’autres profils, plus grands (Adams, Calafiori). Mais dans ce Bâle-là, il y a tout de même quelque chose d’un peu irrationnel. Surtout en Coupe d’Europe.