ParisDes étudiants bloquent Sciences Po pour exiger le départ du directeur
Depuis mercredi soir, une centaine de jeunes occupent le bâtiment historique de la haute école parisienne. Ils réclament la tête de Mathias Vicherat, accusé de violences conjugales.
Une centaine d’étudiants de Sciences Po Paris occupent le bâtiment historique de cette pépinière de l’élite française depuis mercredi soir pour demander la démission de son directeur Mathias Vicherat, qui a été entendu par la police dans une affaire de violences conjugales. Une cinquantaine d’étudiants avaient déjà bloqué mardi matin l’entrée du bâtiment.
«Une occupation a été votée hier à main levée lors d’une assemblée générale qui a réuni entre 250 et 300 étudiants», à l’appel des syndicats étudiants, a indiqué Inês Fontenelle, de l’Union étudiante. Jeudi matin le bâtiment était toujours occupé, selon elle, par une centaine d’étudiants.
Une «insulte à toutes les victimes de violences sexistes»
Mathias Vicherat et sa compagne Anissa Bonnefont qui s’accusaient réciproquement de violences conjugales ont été placés en garde à vue dimanche soir avant d’être remis en liberté lundi. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris.
Le directeur de Sciences Po Paris a écrit mardi aux étudiants, enseignants, salariés, membres des conseils de l’institution pour assurer qu’il «entend(ait)» leur «émotion» et leur promettre de les «rencontrer très prochainement». Selon un communiqué des étudiants, «son maintien à la tête de notre établissement est une insulte à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles».
Sciences Po Paris scolarise quelque 15’000 étudiants, dont la moitié d’étudiants internationaux et 25% de boursiers. Souvent présentée comme la fabrique des élites françaises, la haute école cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d’années sans que son prestige académique n’en soit pour l’heure entaché.
Camarade de promo de Macron
Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel. Ce dernier était alors le président de la fondation nationale des Sciences politiques (FNSP) qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris.
Ancien élève de Sciences Po, dont il est sorti en 2000, Mathias Vicherat est un ancien camarade de promotion du président Emmanuel Macron à l’ENA, l’institution phare de la haute fonction publique. Peu après son arrivée à la tête de Science Po, il avait décrété «priorité absolue» les violences sexistes et sexuelles.