EnvironnementFinance et «greenwashing», le Conseil fédéral marche sur des œufs
Le gouvernement veut lutter contre le «greenwashing» de la place financière suisse et favoriser les investissements durables, en se gardant d’être trop contraignant.
Le Conseil fédéral part-il en guerre contre le greenwashing financier? C’est en tout cas ce qu’il revendique dans un communiqué publié ce mercredi dans lequel le gouvernement dit vouloir «faire de la Suisse un leader mondial en matière de placements durables», tout en précisant avoir «adopté différentes mesures lors de sa séance» du jour.
L’idée est de rendre la finance suisse plus transparente sur ses impacts environnementaux en se fondant sur des critères d’évaluation reconnus et clairs, en utilisant des «indicateurs de compatibilité climatique comparables et significatifs» (lire encadré), écrivent les autorités.
L’objectif est d’éviter que des entreprises investissent dans des domaines polluants pour la planète alors qu’elles vantent par ailleurs leurs efforts en matière d’écologie, un discours dénoncé comme étant du greenwashing ou écoblanchiment.
Recommandations et invitations
Les mesures prises par la Confédération ne semblent pourtant pas très contraignantes. Le gouvernement suisse «recommande» aux opérateurs du marché financier de créer de la transparence, il «invite» le secteur à adhérer à des alliances internationales et il «entend encourager» la conclusion d’accords.
Le Conseil fédéral indique aussi que la place financière suisse doit être un acteur crédible au niveau mondial dans le domaine de l’environnement «pour les investisseurs qui souhaitent» apporter une contribution. Il précise encore que, dans ce domaine, «l’État doit, dans la mesure du possible, conserver son rôle subsidiaire».
Des rapports pour fin 2022
En outre, nous disent les autorités suisses, les Départements des finances et de l’environnement (DFF et DETEC) devront présenter d’ici à la fin de 2022 un rapport sur l’état de la mise en œuvre des recommandations susmentionnées par le secteur financier et, «le cas échéant», de lui soumettre des propositions de mesures.
Le Conseil fédéral a aussi chargé les deux départements, en collaboration avec la FINMA (Autorité de surveillance financière), de lui faire des propositions d'ici à la fin de 2022 sur la manière dont le droit des marchés financiers pourrait être adapté, notamment en matière de transparence, pour éviter l’écoblanchiment.
Sur Twitter, le conseiller national Gerhard Andrey (Les Verts/FR) regrette que le Conseil fédéral prenne «son temps pour établir des règles contraignantes et [fasse] confiance à l’autorégulation.» «Sans le poids de la Confédération, la Suisse n’occupera pas la première place dans le monde», avertit-il.