FribourgProcès de Cheyres: le tueur condamné à la prison à vie
Le Genevois qui a causé la mort de Samantha en novembre 2017 au bord du lac de Neuchâtel a écopé d’une peine privative de liberté à vie, reconnu coupable d’assassinat.
- par
- Lauren von Beust
Le verdict est tombé mercredi. Le Genevois qui avait causé la mort de Samantha, 19 ans, à Cheyres (FR) le 22 novembre 2017, a été reconnu coupable d’assassinat et écope d’une peine privative de liberté à vie. Jugé à Granges-Paccot, l’accusé, âgé de 25 ans, a également été reconnu coupable d’actes d'ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance, de pornographie dure – actes d'ordre sexuel réels avec des mineurs – et de délit à la loi fédérale sur les stupéfiants. Après l’annonce du verdict, Me Telmo Vicente, avocat de la défense, a indiqué que son client ferait appel contre la quotité de la peine. Celui-ci devra purger sa peine avec la déduction des mois de prison déjà effectués depuis le 19 janvier 2018.
Encore vivante après le coup
Lundi, lors du procès du prévenu, le procureur général adjoint Raphaël Bourquin avait plaidé l’assassinat et requis la prison à vie, tandis que la défense avait plaidé l’homicide involontaire. Les déclarations contradictoires de l’accusé ne lui ont pas profité. Mercredi, les juges ont considéré que lorsque l’accusé a frappé avec un maillet et attaché Samantha, celui-ci l’a fait «sans aucun égard pour la victime» et en ayant l’intention de le faire. En se basant sur les déclarations «circonstanciées» du prévenu, le Tribunal a retenu que ce dernier avait agi avec préméditation et que la jeune Genevoise était encore vivante lorsque son ami d’enfance l’a traînée au sol, pressé de la mettre à l’abri des regards, et déposée dans les roseaux aux abords du lac de Neuchâtel, ce soir de novembre 2017.
«Vous étiez conscient qu’elle était en train de mourir», a lancé Sonia Bulliard Grosset, présidente du Tribunal de la Broye à l’accusé, avant de déclarer que ce dernier avait «agi sans aucun scrupule, par pur égoïsme, et avec sang froid», notamment lorsque celui-ci avait attachée la victime à un arbre avant l’abandonner. Si la cause du décès n’avait pu être déterminée lors de l’autopsie, c’est finalement la mort par hypothermie qui a été prise en considération par les juges fribourgeois.
Mobile indéterminé
Il avait convaincu son amie d’enfance de se rendre à Cheyres, où il vivait et travaillait comme aide-cuisinier, en vue d’un transport fictif de shit, pour lequel il lui avait assuré une rémunération. Le mobile du crime n’a pu être déterminé avec certitude. L’histoire de l’héritage, avancée par le prévenu, a paru peu crédible aux yeux du Tribunal. Le mobile sentimental semble, lui, «probable», compte tenu du fait que Samantha n’avait pas refusé clairement les avances du jeune homme dans les messages qu’ils s’étaient échangés durant les mois qui ont précédé le drame.
Les juges ont aussi conclu que des actes d’ordre sexuels avaient été commis sur Samantha. Pour rappel, cette dernière avait été retrouvée, deux mois après le drame, sans chaussures, sans pantalon et sans culotte. «Cela n’a pas pu être causé par des animaux, mais par une intervention humaine, la vôtre», a ensuite adressé Sonia Bulliard Grosset à l’accusé, décrit dans l’acte d’accusation comme fétichiste des pieds.
Ne pas s’excuser pour son acte
Le Tribunal a souligné son absence de remords. L’accusé avait toutefois confié lundi avoir «une profonde honte pour les faits qui se sont passés et des regrets infinis». Il se disait aussi conscient que ce qu’il avait fait avait «bouleversé bien plus d’une vie». «S’excuser d’un tel acte, c’est bien plus insultant qu’autre chose. Se cacher derrière une feuille, c’est un manque de respect», avait-il expliqué lorsque la présidente lui avait demandé pourquoi il n’avait jamais écrit à la famille de la victime. Il devra également s’acquitter de frais pour tort moral à la hauteur de 70’000 francs.
Rappel des faits
Pour rappel, le corps de la jeune fille de 19 ans avait été découvert ligoté à Cheyres, dans une zone marécageuse au bord du lac de Neuchâtel, le 17 janvier 2018. Deux jours plus tard, un de ses amis d’enfance, âgé alors de 21 ans, avait été interpellé. Le Genevois avait alors rapidement admis être l’auteur de l’homicide, survenu le 22 novembre 2017.