Intempéries au Canada«Ce qui m’inquiète, c’est la semaine prochaine»
Des pluies torrentielles tombées en quelques heures en Colombie-Britannique ont provoqué des glissements de terrain et de nombreux dégâts. De nouvelles précipitations sont attendues ces prochains jours.
Les recherches se poursuivaient jeudi pour retrouver des survivants dans l’ouest du Canada touché depuis plusieurs jours par d’importantes inondations et des glissements de terrain tandis que des centaines de personnes ont pu être évacuées d’une zone isolée par la montée des eaux.
Des pluies torrentielles tombées en quelques heures depuis dimanche en Colombie-Britannique ont provoqué des glissements de terrain qui ont détruit routes et infrastructures et noyé sous les eaux des villes entières, faisant un mort et des milliers d’évacués, d’après les autorités locales.
Mercredi, Ottawa a envoyé l’armée en renfort dans la province qui a déclaré l’état d’urgence, comme cela avait déjà été le cas en juillet en raison de feux de forêt gigantesques. En quelques mois, cette région de la côte pacifique canadienne, a subi des catastrophes naturelles à répétition, depuis un épisode de chaleur très intense fin juin, conséquence du réchauffement climatique, d’après les experts.
Rivière atmosphérique
Ces intempéries hors norme sont dues à une rivière atmosphérique, qui a permis «le transport intense d’humidité le long d’un couloir relativement étroit s'étendant de Hawaï à la côte ouest canadienne», explique MétéoSuisse sur son blog.

Le phénomène climatique La Niña, dont le retour précoce avait été annoncé il y a un mois par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), pourrait avoir joué un rôle dans ces conditions extrêmes qui ont touché l’Ouest canadien cette semaine. Il a en effet «une influence sur la circulation en Amérique du Nord et entraîne généralement une hausse des précipitations sur la côte nord-ouest des États-Unis et la région de Vancouver», précise l’agence météorologique suisse.
Les recherches de disparus continuent
Jeudi, les secours étaient toujours à la recherche de trois personnes portées disparues près de Pemberton, au nord-est de Vancouver, touché par un glissement de terrain. À cet endroit, le corps d’une femme a été retrouvé. «Les recherches continuent dans la zone du glissement de terrain de Pemberton. Nous faisons tout notre possible» dans des conditions compliquées, a expliqué à l’AFP Chris Manseau, porte-parole de police fédérale en Colombie-Britannique, en charge des secours.
Un peu plus au sud, à Hope une localité isolée par la montée des eaux et les glissements de terrain, 200 personnes ont pu être évacuées grâce à un train spécialement affrété pour rejoindre la grande banlieue de Vancouver. Et d’autres ont pu quitter la ville par une autoroute rouverte quelques heures pour permettre leur évacuation.
«Tout était sous l’eau»
À Abbotsford, à environ 70 kilomètres au sud-est de Vancouver, Henry Braun, le maire a prévenu que sa ville était «loin d’être sortie de cette situation». «Je ne suis pas inquiet à propos de la pluie d’aujourd’hui. Ce qui m’inquiète, c’est la semaine prochaine. On attend entre 80 et 100 mm» de précipitations, a affirmé le maire.
Près de 600 personnes ont été évacuées sur les 162’000 habitants que compte la ville, s’ajoutant aux centaines d’autres des derniers jours dans la région. «Ici, c’était absolument chaotique hier. Tout était sous l’eau», raconte à l’AFP Tyler Richard, habitant d’Abbotsford. «Les rues étaient inondées. Il y avait des bateaux qui naviguaient dans le parc. C’était complètement irréel», ajoute-t-il capuche et casquette sur la tête.
«Ils ne peuvent pas simplement partir»
Dans les rues de la ville en grande partie désertée, de nombreuses personnes venaient jeudi en aide aux personnes âgées ou bien aux agriculteurs en difficulté, a constaté un journaliste de l’AFP.
«Je suis particulièrement désolé pour tous nos agriculteurs. Nous avons de très grandes fermes laitières et on leur demande d’évacuer. Ils ont du bétail. Ils ne peuvent pas simplement partir», s’inquiète Bill, lui aussi résident d’Abbotsford, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille et circule à vélo dans des rues épargnées.
«Nouvelle catastrophe»
Autre point d’inquiétude dans la région, le port de Vancouver, qui traite chaque année environ 3,5 millions de conteneurs, a expliqué subir «d’importantes perturbations du trafic ferroviaire et routier», en raison des dommages causés par les inondations.
«Cette nouvelle catastrophe va entraîner des délais de deux, trois ou quatre semaines», analyse auprès de l’AFP Jacques Roy, professeur à HEC Montréal, en rappelant que les chaînes d’approvisionnement sont déjà fragilisées par la pandémie.