Défaite de prestigeAu Lausanne-Sport, l’histoire d’un grand écart
L’équipe qui a obtenu le respect d’YB mercredi en Coupe (malgré la défaite 1-5) est la même que celle qui ne trouve aucune solution offensive à Schaffhouse. Le LS sait vers quoi il doit tendre.
- par
- Florian Vaney Lausanne
Il faut commencer par un mea culpa. Non, le carton jaune reçu par Ludovic Magnin après le match de vendredi à Schaffhouse (0-0) n’avait rien d’un «traditionnel avertissement», contrairement à ce qu’on affirmait alors. Même si l’entraîneur du Lausanne-Sport va souvent loin dans ses revendications aux arbitres, par les gestes et par la voix, il est ici victime de sa réputation. Ludovic Magnin depuis la reprise, c’est un carton reçu en Coupe contre Zurich, un autre à Schaffhouse, point. «Vous faites des erreurs, j’en fais aussi, tout va bien», a-t-il tranché mercredi soir. C’est vrai que, mercredi soir, tout allait bien.
Le LS n’avait pas gagné. Pire, il venait de perdre pour la première fois de la saison à la Tuilière. Encore pire: le score final atteste d’une claque (1-5). Il y a peut-être là une première leçon à tirer. Le public vaudois n’attend pas que des résultats de la part de son équipe, il sait se satisfaire d’une contre-performance lorsqu’il y trouve la manière. Alors, quand même bien Young Boys venait de sortir Lausanne de la Coupe de Suisse dans les grandes largeurs, ce n’est pas sur une soirée comme celle-ci que les critiques fréquemment émises ces dernières semaines allaient accompagner les joueurs chez eux.
Une réalité, deux mondes
On peut retourner ce huitième de finale dans tous les sens, l’histoire qui restera, c’est celle qui dit que les Lausannois ont obtenu le respect du leader de Super League. Raphaël Wicky est arrivé à la Tuilière en tendant la main à trois seconds couteaux qu’on a très peu l’habitude de voir dans l’élite (Sandro Lauper, Aurèle Amenda et Donat Rrudhani). Soit inexistants, soit méchamment en difficulté, tous trois ont été rappelés sur le banc bernois à la pause. Le onze qui a péniblement fini par faire la différence en fin de partie ressemble comme deux gouttes d’eau à celui qui règne sur la Super League. «Je crois qu’il s’agit de trois changements intelligents de la part du coach. Et trois changements qui prouvent qu’on n’a pas si mal fait les choses», dira Ludovic Magnin.
C’est une preuve en béton armé, même. Qui amène à la réflexion suivante: comment le LS peut-il passer de l’atrocité offensive présentée vendredi à Schaffhouse à la très grande partition offerte pendant une heure face à Young Boys? On trouve dans cette équipe le potentiel de piétiner une Challenge League dans laquelle elle doit pour l’instant se contenter de la 4e place. Et ce parce qu’on y voit, aussi et trop souvent, cette incapacité d’imposer un jeu de patron face aux formations qui l’attendent. Question d’ego? De manque d’imagination face à des blocs bas? De lacunes dans la diversité de profils à disposition? Ludovic Magnin pointe une autre explication.
Créer une image positive
«C’est drôle, je ne vois jamais ça écrit nulle part. Pourtant, ça me paraît évident. On complimente souvent le FC Wil de jouer avec autant de jeunes. Vous connaissez notre moyenne d’âge? (Ndlr: 24,1 ans pour le match à Schaffhouse, avec cinq joueurs de moins de 22 ans). On aligne des gamins, qui deviendront excellents, mais qui ont un niveau de Challenge League pour le moment. Mais surtout, ce sont des joueurs qui ne savent pas ce que c’est de gagner, d’être attendu, de devoir dominer un championnat. Demandez à ceux qui sont issus de notre académie. Ça fait 30 ans que le Team Vaud attend de remporter un titre. Alors bien sûr que c’est dur d’être projeté aussi vite face à tant de responsabilités.»
Quoi qu’il en soit, le Lausanne-Sport a ouvert une brèche mercredi, à trois matches du terme de son année. S’il s’y faufile et parvient à entretenir rien que 50% du jeu présenté face à Young Boys, alors il laissera dans l’esprit de ses suiveurs durant le break hivernal l’image d’une équipe qui semble savoir où elle va, en mesure d’atteindre ses objectifs et de procurer du plaisir. Quelle que soit sa position au classement. Dans le cas contraire, il faudra passer la trêve dans la peau d’une formation qui n’a pas trouvé la bonne formule pour exploiter un potentiel qu’il ne peut plus cacher.