La pluie de missiles sur l’Ukraine fait craindre une escalade

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Guerre en UkraineLa pluie de missiles sur l’Ukraine fait craindre l’escalade dans le conflit

Selon des experts, les attaques russes de ce lundi, qui ont fait au moins dix morts, quarante-huit heures après l’explosion du pont de Crimée, marquent un tournant dans la guerre entre Kiev et Moscou.

Un missile russe est tombé ce lundi sur la ville de Dnipro, au centre est de l’Ukraine, formant un cratère en pleine rue.

Un missile russe est tombé ce lundi sur la ville de Dnipro, au centre est de l’Ukraine, formant un cratère en pleine rue.

AFP

La pluie de missiles russes et les menaces biélorusses, ce lundi sur l’Ukraine, font craindre un changement de dimension du conflit, juste après la spectaculaire attaque de samedi contre le pont de Crimée, un camouflet infligé au Kremlin. Selon Kiev, 83 missiles ont été tirés par les Russes, dont 43 ont pu être interceptés. Des infrastructures énergétiques mais aussi des cibles civiles, dont une aire de jeu pour enfants, ont été atteintes.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé, lundi, «une escalade inacceptable de la guerre» en Ukraine. Le président français Emmanuel Macron a quant à lui déploré un «changement profond de la nature» du conflit après cette série de frappes, qualifiées par les Occidentaux de «crimes de guerre». Ces attaques ont fait au moins dix morts et 60 blessés

Un plan prévu de longue date

Les multiples frappes de lundi sont plus généralement «une réponse à l’insuccès militaire russe sur le théâtre» des opérations militaires, fait valoir Iordan Bojilov, directeur du centre de réflexion bulgare Sofia Security Forum. En réaction, «Poutine tente de mettre la pression sur la société ukrainienne mais aussi sur les pays occidentaux, pour essayer de les diviser. Il veut se montrer comme étant quelqu’un de prêt à tout

Pour William Alberque, expert militaire à l’Institut international d’études stratégiques de Londres, Moscou met en réalité en œuvre un plan en vue d’une escalade depuis plusieurs semaines. «La Russie a entamé un cycle fait de chocs et de pics de violence, qui a commencé par la mobilisation partielle et les annexions, puis avec des menaces nucléaires et aujourd’hui avec des attaques aveugles contre des civils», déclare cet expert, qui estime que «Poutine cherche à augmenter le niveau des violences pour forcer l’Occident et Kiev à négocier».

Alexandre Loukachenko déploie ses troupes

L’ambassadeur d’Ukraine à Paris, Vadym Omelchenko, assure que «l’attaque d’aujourd’hui a été planifiée début octobre, selon nos services de renseignement. Le 8 octobre, sept bombardiers stratégiques russes, des Tupolev 160 et des Tu 95 équipés de missiles ont été transférés vers l’aérodrome d’Olenia. Et des navires équipés de missiles Kalibr ont été déployés en mer Noire» d’où la Russie a visé l’Ukraine lundi.

Autre signe d’escalade: le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a accusé lundi l’Ukraine de préparer une attaque contre son pays et annoncé qu’en conséquence Minsk allait déployer un groupement russo-biélorusse, sans préciser où. La Biélorussie, alliée de Moscou, met son territoire à la disposition de l’armée russe pour son offensive contre l’Ukraine mais ne participait pas militairement au conflit jusqu’ici.

Ouverture d’un nouveau front dans le nord du pays

Or «des tirs de roquettes guidées ont eu lieu ces dernières heures depuis le territoire biélorusse vers l’Ukraine. Les frappes depuis le sol biélorusse vers Kiev sont une première depuis fin mars», note Pierre Grasser, un chercheur français associé au centre Sirice, à Paris. Des drones iraniens ont aussi été lancés à partir de la Biélorussie, selon Kiev. Des cargaisons en provenance d’Iran y ont été acheminées la semaine dernière par des avions de transport russes, sur la base de Luninets (300 km de Kiev), d’après Pierre Grasser.

«Loukachenko subit des pressions de son maître russe», a commenté, lundi, l’ambassadeur ukrainien. «Nous n’avons pas l’intention d’aller au-delà de notre territoire. Mais nous n’excluons pas la possibilité que Minsk et la Russie veuillent ouvrir un front dans le nord.»

(AFP)

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