Afghanistan - Hérat, troisième ville du pays, tombe aux mains des talibans

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AfghanistanHérat, troisième ville du pays, tombe aux mains des talibans

Les talibans se sont emparés de la troisième ville de l’Afghanistan quelques heures seulement après avoir pris une dixième capitale provinciale.

Les forces de sécurité ont, dans un premier temps, monté la garde dans les rues de Hérat avant de battre en retrait «pour empêcher plus de dommages dans la ville» et se sont retirées vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.

Les forces de sécurité ont, dans un premier temps, monté la garde dans les rues de Hérat avant de battre en retrait «pour empêcher plus de dommages dans la ville» et se sont retirées vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.

AFP

Les talibans se sont emparés jeudi de Hérat, la troisième ville d’Afghanistan, dans l’ouest du pays, une étape majeure de leur offensive quelques heures après la prise de Ghazni, à 150 km au sud-ouest de Kaboul, qui les a rapprochés dangereusement de la capitale.

Les insurgés «ont tout pris», a indiqué à l’AFP un haut responsable des forces de sécurité sur place, précisant que les forces afghanes avaient battu en retraite «pour empêcher plus de dommages dans la ville» et se retiraient vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.

Les talibans avaient hissé leur drapeau au-dessus du siège de la police de Hérat en fin de journée, a rapporté un correspondant de l’AFP, précisant que les rebelles n’avaient rencontré aucune résistance. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, a indiqué sur Twitter que «l’ennemi a fui… Des dizaines de véhicules militaires, armes et munitions sont tombés dans les mains» des talibans.

«L’ennemi a pris le contrôle de Ghazni»

Hérat, située à 150 km de la frontière iranienne et capitale de la province du même nom, était déjà assiégée, avec de violents combats à ses abords. Les insurgés ont pris le contrôle ces dernières semaines de la quasi-totalité du reste de la province, dont Islam Qala, le poste-frontière avec l’Iran, le plus important d’Afghanistan.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement a reconnu que Ghazni était tombée, mais assuré que des combats y étaient toujours en cours. «L’ennemi a pris le contrôle de Ghazni (…) Il y a des combats et de la résistance (de la part des forces de sécurité)», a affirmé Mirwais Stanikzai, le porte-parole du Ministère de l’intérieur, dans un message WhatsApp aux médias.

M. Stanikzai a ensuite annoncé que le gouverneur de la province avait été arrêté par les forces de sécurité, après qu’une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, mais dont l’authenticité n’a pu être immédiatement vérifiée, l’a montré quittant Ghazni avec la bénédiction des talibans. Ghazni est la capitale provinciale la plus proche de Kaboul conquise par les insurgés depuis qu’ils ont lancé leur offensive en mai, à la faveur du début du retrait des forces étrangères, qui doit être achevé d’ici à la fin août.

Kaboul propose un partage du pouvoir

Face à la dégradation de la situation militaire, Kaboul a proposé «aux talibans de partager le pouvoir en échange d’un arrêt de la violence dans le pays», a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un négociateur du gouvernement aux pourparlers de paix à Doha.

Le président afghan, Ashraf Ghani, avait toujours rejeté jusqu’ici les appels à la formation d’un gouvernement intérimaire non élu comprenant les talibans. Mais son revirement risque d’être bien tardif, les insurgés n’ayant montré aucun signe, depuis l’ouverture des négociations de paix en septembre 2020, qu’ils étaient prêts à un compromis.

Ils y seront sans doute encore moins enclins après avoir avancé à un rythme effréné ces derniers jours. En une semaine, ils ont pris le contrôle de 10 des 34 capitales provinciales afghanes.

Verrou vers le sud

Mardi soir, les talibans avaient conquis Pul-e-Khumri, capitale de la province de Baghlan, à 200 km au nord de Kaboul. Ils se rapprochent ainsi de la capitale à la fois par le nord et par le sud. Ghazni, qui était déjà tombée brièvement en 2018, est la plus importante prise des talibans jusqu’ici avec Kunduz, carrefour stratégique du nord-est, entre Kaboul et le Tadjikistan.

Même si les talibans étaient déjà présents depuis longtemps dans les provinces de Wardak et Logar, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul, la chute de Ghazni est un signal très inquiétant pour la capitale. Cette ville est aussi un verrou important sur l’axe majeur reliant Kaboul à Kandahar, la deuxième plus grande ville afghane, au sud. Sa prise permet aux insurgés de couper les lignes de ravitaillement terrestres de l’armée vers le sud, et va encore accentuer la pression sur l’armée de l’Air afghane.

Kandahar, capitale de la province du même nom, et Lashkar Gah, capitale du Helmand voisin, sont assiégées depuis des mois par les talibans. Mercredi, les talibans ont annoncé sur Twitter avoir pris la prison de Kandahar, située dans la banlieue, pour en libérer «des centaines de prisonniers». À Lashkar Gah, le quartier général de la police a été fortement endommagé par l’explosion d’un véhicule piégé mercredi soir, contraignant les forces de police à se replier vers les bureaux du gouverneur, pendant que 40 policiers se rendaient aux talibans, a indiqué à l’AFP un responsable gouvernemental sur place.

Crise humanitaire

Les combats dans tout le pays ont un fort impact sur la population civile. Au moins 183 civils ont été tués, dont des enfants, en un mois à Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz. Nombre de civils ont afflué ces derniers jours à Kaboul, où une grave crise humanitaire menace. Ils tentent désormais de survivre dans des parcs ou sur des terrains vagues de la capitale, dans le dénuement le plus complet. Les forces internationales doivent avoir quitté l’Afghanistan d’ici le 31 août, vingt ans après leur intervention pour chasser les talibans du pouvoir, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

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