ImmobilierHausse des loyers: les locataires contre-attaquent
Face à la hausse constante des loyers, le mécontentement gronde. Deux initiatives cantonales, à Bâle-Ville et à Zurich, visent à limiter l’augmentation des logements locatifs.
La Suisse reste un pays de locataires – près de deux tiers de la population louent leur logement. Et ils sont plus nombreux encore dans les centres urbains tels que Bâle, Berne, Genève ou Zurich. C’est aussi là, précisément, que les loyers augmentent le plus, constate la «NZZ am Sonntag». De quoi occuper fortement les défenseurs des locataires. «La politique nationale revient à affaiblir les locataires. Nous devons devenir actifs au niveau cantonal et communal», comme le résume Natalie Imboden, secrétaire générale de l’Association suisse des locataires.
L'initiative bâloise, importante pour les Alémaniques
Les défenseurs des locataires mettent ainsi un grand espoir dans l’initiative cantonale de Bâle-Ville «Oui à une véritable protection du logement», soumise au vote le 28 novembre prochain. Elle vise au plafonnement des hausses de loyer après rénovation pour pratiquement tous les appartements. Le gouvernement cantonal aurait préféré n’introduire cette limitation que pour les logements moins chers.
A l’instar de Patricia von Falkenstein, présidente de l'association cantonale des propriétaires: «Personne ne voudra rénover son bien dans de telles conditions, ce qui est très négatif pour les rénovations écologiques urgentes.» L’acceptation de l’initiative entrainerait en effet une diminution de la valeur des biens immobiliers à Bâle de 1,2 milliard de francs, selon un travail de master de l'Université de Zurich.
Initiative décisive en 2022 à Zurich
Si l’initiative bâloise était approuvée, Bâle-Ville pourrait être «la porte d'entrée pour un plafonnement des loyers en Suisse alémanique», note le journal zurichois. Genève et Vaud connaissent déjà un tel mécanisme depuis un certain temps, et une motion pour contrôler les loyers est pendante dans la ville de Berne.
Et la prochaine grande bataille des locataires sera livrée à Zurich, où les socialistes envisagent de lancer l'année prochaine une initiative cantonale pour un contrôle des loyers pour les rénovations et les transformations: les propriétaires qui rénovent ou remplacent des bâtiments devraient soumettre les futurs taux de loyer avec la demande de construction, qui ne pourraient pas dépasser un certain taux de rendement. Les nouveaux loyers devraient être vérifiés et inscrits au registre foncier.
Le prix de l’immobilier a doublé en 20 ans
La presse alémanique dominicale du jour parle largement des prix et du marché immobilier suisse. Depuis 2000, les prix de l’immobilier ont en effet doublé, comme le note le directeur de Raiffeisen, Heinz Huber, interviewé par la «NZZ am Sonntag». Il estime que cette hausse va se poursuivre, notant que la propriété reste moins chère que la location grâce aux taux d’intérêt bas. L’un des facteurs de la hausse des prix serait la raréfaction de terrains constructibles, relève pour sa part la «SonntagsZeitung».
Le «SonntagsBlick» aborde le sujet sous l’angle des impôts cantonaux et communaux sur les ventes de biens immobiliers. Si, il y a dix ans, les recettes de l’impôt sur les gains immobiliers étaient de 1,6 milliard de francs, elles étaient de 2,5 milliards en 2020. Une augmentation critiquée par HEV, l’association alémanique des propriétaires.
«Plus de 85% des locataires sont satisfaits»
Dans une interview à la «NZZ am Sonntag» du jour, Hans Egloff, président de l’Association suisse des propriétaires, rejette fermement le plafonnement des loyers. Selon lui, une ingérence dans la propriété serait contre-productive. Il estime que la législation suisse est déjà efficace et fonctionnelle en matière d’abus. «Plus de 85% des locataires sont satisfaits ou très satisfaits de leur situation de vie, dit-il. Et environ 80% sont également satisfaits des coûts. La situation n'est donc pas aussi dramatique que l'Association des locataires voudrait nous le faire croire», conclut-il.