TennisTsitsipás vacille mais s’extrait du piège Taylor Fritz
Hésitant et souvent approximatif, Stéfanos Tsitsipás s’est accroché pour l’emporter en cinq manches (4-6, 6-4, 4-6, 6-3, 6-4). Il devra s’améliorer face à Jannik Sinner.
- par
- Mathieu Aeschmann
Stéfanos Tsitsipás jouera mercredi un troisième quart de finale à Melbourne Park et il l’attaquera porté par la force des rescapés. Le finaliste du dernier Roland-Garros a en effet passé sa soirée à courir derrière le score, mené un set à zéro puis deux manches à une par Taylor Fritz (ATP 22). Le Grec a souvent hurlé sa colère, il a même reçu un avertissement pour «coaching» (son père est décidément intenable). Et ce n’est que grâce à sa détermination et à cette vilaine double faute de l’Américain qui lui offrit le break décisif au cinquième set (4-4) qu’il retrouvera Jannik Sinner pour une place dans le dernier carré.
Il faut le dire sans détour, Stéfanos Tsitsipás aura passé la quasi-totalité du match à lutter contre lui-même. Mauvais choix, revers slicés qui restent scotchés à sa raquette, passivité chronique, le No 4 mondial semblait jouer avec le frein à main. Une réserve déjà aperçue face à Benoit Paire. Comment l’expliquer? Le Grec court-il simplement après ce supplément de confiance nécessaire pour briller en Grand Chelem? Appartient-il à ce groupe de joueurs pour qui l’absence de Novak Djokovic a libéré des possibles et la pression qui va avec? Il y a sans doute un peu de tout ça. Or au final, cela donne un joueur qui avance à tâtons et retombe dans certains des travers qui agacent le vestiaire comme ce petit cri mesquin lâché à retardement en pleine balle de break pour lui (une spécialité).
L’intensité physique comme alliée
«C’était un match épique. J’ai tout donné et je suis très fier de m’être surpassé, analysait-il au micro de Sam Groth. Je savais que le match allait finir par se durcir physiquement. Alors je me disais de ne pas lâcher, que le temps jouerait pour moi. Il fallait avoir de la patience. Et quand je me sentais un peu moins bien, je m’appuyais sur la foule qui était en feu.» La recette est efficace, l’analyse lucide. Car si Taylor Fritz a clairement progressé lors de 16 derniers mois, l’Américain continue d’étaler un déficit athlétique rédhibitoire en défense lorsque les échanges montent en intensité. Il l’avait payé l’année dernière après avoir fait trembler Novak Djokovic. Pour lui, les Opens d’Australie se suivent et se ressemblent.
Pour Stéfanos Tsitsipás, toute forme de ressemblance serait une bonne nouvelle puisque le Grec a déjà atteint deux demi-finales à Melbourne (2019, 2021). Une victoire face à Sinner pourrait même lui offrir l’opportunité d’une revanche face à Daniil Medvedev (Auger-Aliassime), celui qui lui avait barré la route de la finale l’année dernière. «Jannik (Sinner) évolue à un niveau très élevé depuis la fin de la saison dernière. Je m’attends à un gros match. Le but est de bien récupérer et de profiter de ma journée de repos. On verra.» En effet. On verra si cette victoire à l’arraché aura des vertus libératrices ou si elle n’était que le symptôme des limites actuelles de Stéfanos Tsitsipás.