Présidentielle française – «Cette élection, il va falloir aller la chercher»

Publié

Présidentielle française«Cette élection, il va falloir aller la chercher»

Emmanuel Macron espère rallier les Français derrière son programme, mais cette tâche sera beaucoup plus compliquée qu’en 2017.

Les résultats montrent que le second tour de cette élection ne sera pas aussi aisé pour Macron qu’en 2017.

Les résultats montrent que le second tour de cette élection ne sera pas aussi aisé pour Macron qu’en 2017.

AFP

Arrivé en tête du premier tour de la présidentielle française dimanche, l’actuel président a appelé à un large rassemblement. Il a notamment exprimé son souhait de «tendre la main» aux millions d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat La France insoumise (LFI) a bénéficié d’une forte adhésion des jeunes: un tiers des 18-24 ans ont voté pour lui et lui ont permis d’atteindre une confortable troisième place, très loin devant les partis traditionnels de gauche.

Dimanche soir, Mélenchon a insisté par trois fois sur le fait qu’il ne fallait «pas donner une seule voix à Marine Le Pen», sans pour autant appeler à voter pour Emmanuel Macron. Plusieurs sondages indiquent que ses électeurs sont divisés pour le second tour. Un tiers indique vouloir voter pour Macron, un autre tiers préfère Le Pen. Le reste dit s’abstenir.

La candidate Les Républicains (LR) Valérie Pécresse, qui a réuni moins de 5% des voix, a aussi appelé ses électeurs à voter Macron. Mais les enquêtes d’opinion révèlent que près de la moitié pourrait être tentée par Le Pen. Cette dernière n’a jamais eu un score aussi élevé chez les 25-34 avec 30%, et chez les 35-49 ans avec 28% des voix, selon un sondage de Harris Interactive.

Macron est lui le favori des 50 ans et plus, un groupe démographique historiquement plus enclin à se rendre aux urnes. «Cette élection, il va falloir aller la chercher, parce que rien n’est joué», a reconnu lundi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France Inter.

Les résultats montrent que le second tour de cette élection ne sera pas aussi aisé pour Macron qu’en 2017. Il l’avait alors remporté avec 66% des voix face à Le Pen à 34%. Cette fois, de nombreux sondages indiquent que le président sortant pourrait remporter entre 51% et 54% des voix, contre 46-49% pour Le Pen. Mais la marge d’erreur rend possible une victoire de la candidate du Rassemblement national (RN).

«L’image de Le Pen est vraiment différente de celle qu’elle avait en 2017. Elle semble beaucoup moins extrême et plus acceptable pour une grande partie des Français», expliquent des analystes de la banque ING. Outre la gauche, Macron va tenter de convaincre les 26% d’abstentionnistes du premier tour (contre 22,3% en 2017). Le taux de participation a tendance à baisser de plusieurs points au second tour, injectant une nouvelle volatilité dans la course.

«Président des riches»

Il semble peu probable que le bloc d’abstentionnistes, principalement constitué de jeunes et de personnes issues de la classe ouvrière, souhaite voter pour un président réformiste partisan de repousser l’âge du départ à la retraite de 62 à 65 ans. L’ancien banquier d’affaires a du mal à se débarrasser de son étiquette de «président des riches».

Ses détracteurs continuent de fulminer contre la suppression de l’impôt sur la fortune et la réduction de l’impôt sur les sociétés. Il a également fait adopter des réformes facilitant les embauches comme les licenciements, alimentant ainsi les manifestations des «Gilets jaunes» en 2018 et 2019.

Le Pen, elle, «a touché le côté gauche de l’électorat. Elle va défier Macron sur ces questions qui se sont avérées compliquées pour lui», a estimé Tara Varma, chercheuse au Conseil européen des relations internationales. Selon des analystes, de nombreux opposants de Macron se sont tournés vers Mélenchon ou Le Pen, ou ont refusé de voter cette fois-ci.

(AFP)

Ton opinion

6 commentaires