États-UnisLa juge fédérale de 96 ans a-t-elle encore toute sa tête?
Nommée en 1984 par Ronald Reagan, Pauline Newman a été suspendue pour un an en raison de doutes sur ses capacités mentales.
La doyenne des juges fédéraux américains, 96 ans, a été suspendue de ses fonctions mercredi en raison de doutes sur la dégradation de ses capacités mentales, une affaire symbolique dans un pays parfois présenté comme une gérontocratie en raison de l’âge de ses dirigeants.
Nommée en 1984 par le président de l’époque Ronald Reagan, Pauline Newman, experte reconnue en droit de la propriété intellectuelle, siège dans une cour fédérale d’appel spécialisée dans des sujets techniques (brevets, contrats publics ou pensions des anciens combattants…).
En mars, à la suite de témoignages de collègues et d’employés, la présidente de la cour, Kimberly Moore, a créé une commission pour déterminer si elle souffrait «d’une incapacité mentale ou physique».
Perte de mémoire et confusion
Une vingtaine d’entretiens avec le personnel ainsi que l’examen de ses courriers électroniques «ont fourni d’amples preuves que la juge Newman pourrait souffrir de problèmes mentaux, y compris de perte de mémoire, d’incompréhension, de confusion, et d’incapacité à accomplir de simples tâches», selon le Conseil judiciaire du tribunal.
Malgré une réduction significative du nombre d’affaires qui lui sont confiées, «depuis environ deux ans, la magistrate prend quatre fois plus de temps pour rendre moitié moins de décisions que ses collègues» et fait régulièrement preuve d’agressivité envers le personnel, affirme-t-il.
Elle refuse un examen neurologique
En raison du refus de la juge Newman de se soumettre à un examen neurologique et psychiatrique prescrit par la commission, le Conseil judiciaire dit n’avoir d’autre choix que de la suspendre de ses fonctions pour un an, renouvelable si elle persiste dans son attitude.
La magistrate avait engagé en mai une procédure contre les responsables de la cour, faisant valoir que seul le Congrès est habilité à destituer un juge.
Son avocat, Gregory Dolin, a affirmé à l’AFP que la procédure à son encontre était viciée depuis le début et qu’elle était victime de rancœurs personnelles et de discriminations liées à son âge.
Cet épisode témoigne des questions qui peuvent se poser au sujet des personnes âgées encore dans la vie active aux États-Unis. Faute d’un régime de retraite universel, de nombreux Américains sont contraints de continuer à travailler, d’autres le font par choix, mais leur fin de carrière peut s’avérer difficile.