CommentaireMasque à l’école: la fausse bonne idée de Christophe Darbellay
En distinguant les vaccinés et les non vaccinés au secondaire, Christophe Darbellay introduit une polémique politique où elle n’a pas lieu d’être.
- par
- Eric Felley
Lors de cette rentrée scolaire, le Valais est le seul canton pour le moment à proposer un traitement différencié entre étudiants vaccinés et non vaccinés. Les premiers pourront enlever le masque. Cette décision est qualifiée par certains de «discrimination». Cité par «Le Temps» ce vendredi, le chef de la formation valaisanne, Christophe Darbellay, défend sa stratégie: «Le Valais a une approche de pragmatisme. Si l’alternative revient à imposer le masque à tout le monde à cause d’une poignée de gens qui ne veulent pas se faire vacciner, nous sortirions du bon sens».
Le problème est que, pour l’instant, très peu de jeunes sont vaccinés dans le canton, qui a commencé tardivement à promouvoir la vaccination dès 16 ans. Actuellement, il n’y a que 12% des moins de 19 ans qui le sont totalement (et 6% avec une dose). La «poignée de gens» dont parle Christophe Darbellay, ce sont actuellement les vaccinés et non pas les non-vaccinés. Et la tendance n’est pas près de s’inverser.
Oseront-ils enlever le masque?
Certes on peut imaginer que cette disposition «macronienne» engage davantage de jeunes à s’inscrire pour la piqûre ces prochains temps. Mais la rentrée est déjà pour le 19 août. Comme il faut compter six semaines depuis la première injection pour que le certificat soit valable, cela va prendre du temps. En attendant, statistiquement, on peut estimer qu’il y aura deux ou trois vaccinés par classe et une vingtaine qui ne l’est pas. Dans ces conditions, les vaccinés oseront-ils enlever le masque, avec le risque de passer pour une minorité de privilégiés?
Par ailleurs, s’il semble possible de contrôler au sein d’une classe les deux ou trois vaccinés, qu’en sera-t-il dans les parties communes, quand les étudiants sont en foule dans les couloirs ou à la récréation? Verra-t-on les professeurs ou le personnel de santé fondre sur les non masqués pour les contrôler? Belle ambiance… Et qui dit règle, dit aussi sanction… Et tout cela pour quel résultat?
Cette situation introduit dans le cadre scolaire une polémique d’adultes, une polémique politique, qui vient troubler la sérénité dont l’enseignement a besoin. Si Christophe Darbellay réfute la notion de «discrimination», sa décision crée bien une inégalité de traitement dans un lieu où il faut justement soigner ce principe d’égalité. Espérons que les collégiennes, les collégiens et le personnel enseignant trouveront une manière intelligente de gérer cette mauvaise farce qu’on leur fait.