Crash du Rio-Paris: L’heure du procès pour Airbus et Air France

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Crash du Rio-ParisL’heure du procès pour Airbus et Air France

Le constructeur et la compagnie aérienne sont jugés pour homicides involontaires. Le 1er juin 2009, 228 personnes ont perdu la vie dans le crash du vol Air France entre Rio et Paris.

Alors que la carcasse de l’avion a été vite retrouvée, il a fallu 2 ans pour repêcher les boîtes noires à 3900 mètres de profondeur.

Alors que la carcasse de l’avion a été vite retrouvée, il a fallu 2 ans pour repêcher les boîtes noires à 3900 mètres de profondeur. 

AFP

Le 1er juin 2009, le Rio-Paris s’abîmait dans l’Atlantique, emportant les vies de 228 personnes. Plus de treize ans après le crash, Airbus et Air France sont jugés à partir de lundi pour homicides involontaires. Ce procès, lourd d’enjeux pour l’avionneur européen, la compagnie française, les familles des victimes mais aussi pour le transport aérien mondial, doit durer jusqu’au 8 décembre au Tribunal correctionnel de Paris. Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro et Paris s’est écrasé en pleine nuit, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage. Il s’agit de la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire d’Air France.

La sécurité au-delà de la rentabilité

Les premiers débris de l’A330 ainsi que des corps ont été rapidement retrouvés mais l’épave et les boites noires n’ont été retrouvées que deux ans plus tard, repêchées à 3900 mètres de profondeur après cinq phases de recherches sous-marines. Les investigations ont montré que les pilotes, désorientés par le givrage des sondes de vitesse Pitot dans la zone météorologique instable du Pot au noir, n’ont pu rattraper le décrochage de l’appareil, qui a eu lieu en moins de cinq minutes.

Après une succession d’expertises hautement techniques, les juges d’instruction ont prononcé un non-lieu en 2019. Le parquet, les proches de victimes et les syndicats de pilotes ont fait appel et, en 2021, la chambre de l’instruction a tranché en sens inverse, ordonnant un procès pour les deux entreprises. A l’issue d’un «combat judiciaire» et d’une instruction «chaotique», «nous attendons que ce procès soit bien le procès d’Airbus et d’Air France» et non «celui des pilotes», a déclaré à l’AFP Danièle Lamy, présidente de l’association de proches de victimes Entraide et Solidarité AF447. «Nous attendons un procès impartial, exemplaire, pour que cela ne se reproduise plus et que, par ce procès, les deux prévenus mettent la sécurité aérienne au centre de leurs préoccupations plutôt que seulement la rentabilité», a-t-elle ajouté.

Pour le syndicat des pilotes du groupe Air France (Spaf), il est «indispensable qu’un tribunal puisse entendre toutes les parties et se prononcer sur les différentes responsabilités au cours d’un procès public où l’importance de la sécurité des vols sera mise en relief dans l’intérêt de tous».

De son côté, Air France «garde en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l’ensemble de leurs proches», selon un communiqué qui rappelle que la compagnie avait bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction et «continuera à démontrer qu’elle n’a pas commis de faute pénale à l’origine de l’accident et plaidera la relaxe». Airbus, qui n’a pas voulu s’exprimer avant le procès, conteste aussi toute faute pénale.

Défaillance des sondes

Dans l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités différentes, dont 72 Français (61 passagers et 11 membres d’équipage). Selon deux associations de familles de victimes, 58 Brésiliens et 26 Allemands ont perdu la vie. Au total, 476 proches de victimes se sont constitués parties civiles. Cinq demi-journées seront consacrées à ceux souhaitant témoigner. Mais les débats seront surtout très techniques: le tribunal devra déterminer si Airbus et Air France, qui encourent 225’000 euros d’amende, ont commis des fautes en lien certain avec l’accident.

Dans son arrêt de renvoi, la Cour d’appel a estimé qu’il existait des charges suffisantes contre le constructeur pour avoir «sous-estimé la gravité des défaillances» des sondes Pitot «équipant l’aéronef A330, en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d’urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement». La compagnie a été renvoyée pour s’être abstenue «de mettre en œuvre une formation adaptée (et) l’information des équipages qui s’imposait» face au givrage des sondes permettant de mesurer la vitesse de l’avion, «ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait».

«On veut les mettre face à leurs responsabilités», a affirmé Me Sébastien Busy, avocat d’Entraide et Solidarité. «On vous vend un avion en vous disant qu’il est formidable lorsque tout va bien. Le problème, c’est qu’il faudrait que tout soit fait pour que la sécurité soit maximale lorsque tout va mal». Les pannes de sondes s’étaient multipliées dans les mois précédant l’accident. Après la catastrophe, le modèle concerné a été remplacé dans le monde entier, et une formation renforcée au décrochage a été introduite.

(AFP)

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