Formule 1: Leclerc heureux, même après son abandon

49e tour. Sergio Perez, en tête, doit laisser passer Max Verstappen, juste derrière lui, sur ordre de son écurie. «Pas correct. Mais bon, j’obéis», a alors lâché le Mexicain dans sa radio de bord, avant de suggérer qu’il allait falloir en discuter après la course.

Christian Horner, le patron de Red Bull, s’est justifié de cette décision dimanche soir. «J’en ai parlé avec Sergio quand il est descendu de voiture. Le problème, quel que soit le pilote, c’est qu’ils n’ont pas une vision d’ensemble de la course et des stratégies. Et c’est toujours difficile d’abandonner la tête de la course. Mais Max et Checo (ndlr: Sergio Perez) n’étaient pas sur la même stratégie, ils aurait été absurde de les laisser se battre entre eux. C’est pourquoi nous avons demandé à Checo de laisser passer Max…»

Avec sa troisième place, après avoir tenu la tête de la course pendant quelques tours et s’être longtemps battu contre Max Verstappen, George Russell a démontré que les Mercedes étaient bien de retour au sommet grâce au nouvel ensemble aérodynamique amené en Espagne.

Lewis Hamilton, cinquième à l’arrivée, aurait pu faire mieux sans un accrochage avec Kevin Magnussen au quatrième virage, qui l’a contraint à s’arrêter aux stands et à repartir derrière tout le monde.

Pour George Russell, le Grand Prix d’Espagne prouve que les W13 ont enfin résolu le problème de marsouinage qui les handicapait depuis le début de la saison. «Nous avons tourné une page ici, et pour moi, c’est comme le début de la saison 2022, affirme-t-il. Je pense que nous avons réduit de moitié notre retard sur les plus rapides, et que nous allons maintenant pouvoir trouver les dixièmes qui manquent en débloquant le potentiel de cette voiture.»

Après une remontée qui lui a permis de remporter, pour la première fois de la saison, le prix de «pilote du jour» de la part des spectateurs, Lewis Hamilton a dû céder une place face à Carlos Sainz dans les derniers tours, en raison d’un problème de surchauffe, dû aux très fortes chaleurs de Barcelone.

«C’était la course la plus dure de ma carrière», a confié un Lando Norris épuisé, incapable d’assister aux interviews d’après-course. Après avoir cru qu’il ne souffrait que d’une petite grippe, le Britannique a été diagnostiqué avec une angine amygdalite. Malgré la fièvre, et malgré la température extérieure dépassant les 37 degrés, Lando Norris a réussi à mener sa McLaren de la onzième place de la grille à la huitième place à l’arrivée.

«Je ne me sentais vraiment pas bien avant la course, j’ai dû manquer plusieurs briefings techniques parce que j’étais incapable de les suivre. Du coup, je n’étais pas préparé pour la course comme j’aurais dû l’être. Avec l’adrénaline, j’ai tenu. Et compte tenu des circonstances, je suis plutôt content du résultat.»

Après deux années de pandémie avec pas - ou peu - de public, les jauges étaient libres cette saison. Avec la popularité actuelle de la F1, les spectateurs se sont rués sur les billets, et le Grand Prix d’Espagne a affiché complet plusieurs semaines avant la course.

Dimanche, 121’700 spectateurs se sont massés autour d’un circuit où rien n’avait été prévu pour une telle foule - d’habitude, on comptait entre 60’000 et 80’000 personnes le jour de la course.

Du coup, les files d’attente ont été épouvantables pour accéder au circuit. Les parkings étant rapidement pleins, les spectateurs ne savaient plus où garer leur véhicule et tournaient en rond quand ils n’étaient pas bloqués dans des embouteillages historiques. Les policiers ne pouvaient qu’interdire des routes, sans savoir où rediriger les voitures.

Au sein du circuit, on devait attendre plus d’une heure sous le soleil (37 degrés hier) pour acheter une bouteille d’eau, et plusieurs points de vente n’en avaient plus. Il fallait montrer patte blanche et le contenu de son sac à main pour atteindre sa place de tribune, et la file pouvait prendre plus de deux heures.

Une cacophonie dont des milliers de personnes se sont plaint sur les réseaux sociaux. Certains, ayant vu le désastre le samedi déjà, ont décidé de ne pas aller voir la course, même avec un billet de plusieurs centaines d’euros en poche.

Dimanche soir, les autorités de Liberty Media, qui détient les droits commerciaux du championnat, ont intimé l’ordre aux organisateurs de rectifier la situation pour 2023, jugeant ces dysfonctionnements «inacceptables». C’était le moins que l’on puisse dire…

Charles Leclerc aurait dû remporter le Grand Prix d’Espagne. Il a dominé les qualifications et le début de course, avant que son moteur ne lâche au 27e tour. Le Monégasque a ainsi perdu les 25 points de la victoire + les 8 points de plus que Max Verstappen a marqué par rapport à une deuxième place.

Pourtant, une fois remis du choc, Charles Leclerc disait rentrer satisfait d’Espagne. «Disons que je me sens mieux, après ce week-end, qu’après celui de Miami, disait-il avant de quitter le circuit de Catalunya. Le nouvel ensemble aérodynamique marche bien, comme nous l’attendions, ce qui n’était pas garanti. La gestion des pneus était excellente en dépit de la chaleur. Bref, j’essaie de me concentrer sur ce qui était positif, et il y avait plein d’éléments positifs aujourd’hui.»

Avant le Grand Prix de Monaco, dimanche prochain, Charles Leclerc compte désormais un retard de six points sur Max Verstappen.