Proche-OrientUn raid turc tue 29 Kurdes dans le nord-est de la Syrie
Depuis jeudi, la Turquie mène une campagne de frappes aériennes sur des cibles dans des régions sous contrôle kurde, en représailles à un attentat à la bombe à Ankara.
Vingt-neuf membres des forces kurdes en Syrie ont été tués et 28 autres blessés dans un nouveau raid de la Turquie qui a visé un de leurs centres de formation dans le nord-est du pays, ont indiqué lundi les autorités de la région semi-autonome.
Depuis jeudi dernier, la Turquie mène une campagne de frappes aériennes sur des cibles dans des régions sous contrôle des Kurdes dans le nord-est syrien, en représailles à un attentat à la bombe à Ankara qui a blessé deux policiers le 1er octobre.
Une académie des forces antidrogue kurdes figurait parmi les cibles visées durant la nuit, ont indiqué les autorités kurdes, dans un communiqué, ajoutant que «29 membres des forces antidrogue ont été tués et 28 autres blessés», dont certains grièvement.
Selon des correspondants de l’AFP dans la région, notamment à Qamichli dans la province de Hassaké, les hôpitaux et les mosquées ont appelé la population à faire des dons de sang, en raison du grand nombre de blessés.
Les raids, qui ont baissé d’intensité au cours du week-end, avaient fait au moins quinze morts jeudi et vendredi, dont huit civils selon l’administration kurde autonome. Ils ont notamment visé des infrastructures civiles selon la même source, mais également «des quartiers généraux et des abris» utilisés par les forces kurdes d’après Ankara.
Revendiqué par le PKK
La Turquie, qui déploie des troupes dans le nord de la Syrie, morcelée par la guerre, a intensifié ses raids contre des cibles kurdes en Syrie et en Irak voisin en représailles à l’attentat d’Ankara. L’attaque a été revendiquée par une branche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), en lutte armée contre les autorités turques et considéré comme groupe «terroriste» par Ankara et ses alliés occidentaux. Le PKK a des bases dans le Kurdistan d’Irak (nord).
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis – l’armée de facto des Kurdes dans la région – ont nié que les responsables de l’attaque d’Ankara soient passés par leur région. Mais la Turquie a affirmé que les deux assaillants décédés lors de l’attaque d’Ankara venaient de Syrie.
Un demi-million de morts
Les combattants kurdes syriens, soutenus par les États-Unis, ont été le fer de lance de la bataille qui a délogé les jihadistes du groupe État islamique du nord de la Syrie en 2019. Entre 2016 et 2019, la Turquie, qui déploie des soldats dans le nord de la Syrie, a effectué trois opérations d’envergure contre la région tenue par les Kurdes qui y ont établi une administration autonome. La guerre en Syrie, déclenchée en 2011, a fait plus d’un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et morcelé le territoire.