WimbledonNovak Djokovic revient de loin et marque les esprits
Le sextuple vainqueur a remonté un déficit de deux sets face à Jannik Sinner. Le voilà plus que jamais favori à sa succession. Il affrontera en demie Cameron Norrie qui a battu David Goffin en cinq manches.
- par
- Mathieu Aeschmann - Londres
Novak Djokovic n’a plus perdu sur le Centre Court de Wimbledon depuis 2013 (finale contre Murray). C’est dire si l’impensable semblait soudain à portée de raquette, mardi après-midi, lorsque Jannik Sinner s’envola deux manches à rien, étouffant comme rarement le patron des lieux à l’échange (7-5, 6-2).
Battu en puissance, imprécis au service, «Nole» abusait des amorties comme autant de signaux d’impuissance. Murmures et yeux ronds parcouraient la foule; laquelle allait pourtant assister dans les deux heures suivantes à une formidable et autoritaire démonstration de force du sextuple vainqueur.
Que Novak Djokovic possède plusieurs vies sur un terrain de tennis, tout le monde le sait. Mais un mystère subsiste: comment les utilise-t-il exactement? Comment a-t-il fait, ce mardi, pour tout changer sans rien changer?
Grâce au miroir
D’un break, dès l’entame de la troisième manche, le Serbe a repris le contrôle de l’échange. Et ce bras de fer en rythme qu’il subissait est soudain devenu son terrain de jeu. Dans les faits, il servait mieux, beaucoup mieux. Et jouait plus vite, beaucoup plus vite.
Suffisait-il donc de monter le volume? «Pendant deux sets, il était meilleur que moi. Alors je suis sorti, j’ai pris une petite pause toilettes et je me suis fait un discours de motivation («pep talk») devant le miroir. Je suis sérieux, expliquait «Djoko» au micro du stade. Parfois, quand rien ne va dans le bon sens, c’est quelque chose de nécessaire. J’ai rassemblé mes pensées, je me suis recomposé. Après, j’ai eu de la chance de le breaker très vite. J’ai noté qu’il bougeait d’un coup moins bien et ça m’a donné beaucoup de confiance.»
Novak Djokovic n’a donc eu besoin que d’un miroir. Un miroir pour se regarder en face et se rappeler le tennis exceptionnel qu’il est capable de décliner sur gazon. Des petits miracles à la pelle, comme ce passing de revers bout de course lunaire, terminé à plat ventre à faire l’avion. «Là, tout de suite, il y a du bonheur, de la fierté, de la plénitude», confiait-il avant de prendre congé. Le reste du vestiaire peut continuer de trembler. À Wimbledon, un «Djoko» heureux ne perd jamais.