Attentat de NiceLes huit accusés condamnés à des peines de 2 à 18 ans de prison
La cour d’assises de Paris a rendu son verdict mardi sur l’attaque survenue à Nice, le 14 juillet 2016.
La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé mardi des peines allant de deux à dix-huit ans de prison pour les huit personnes jugées au procès de l’attentat de Nice, qui avait fait 86 morts le 14 juillet 2016. Les peines les plus lourdes de dix-huit années de réclusion criminelle, au-delà du réquisitoire du Parquet national antiterroriste (Pnat), ont été prononcées contre Chokri C. et Mohamed G., reconnus coupables d’association de malfaiteurs terroriste (AMT). Le Pnat avait requis quinze ans de réclusion à leur encontre.
«Intime conviction»
«La cour a eu l’intime conviction que «l’auteur de l’attentat» Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait été associé, dans la détermination puis la réalisation de son projet criminel, tant à Mohamed G. qu’à Chokri C.», a indiqué le président de la cour Laurent Raviot, à la fin de la lecture du verdict. Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Niçois de nationalité tunisienne de 31 ans, avait foncé au volant d’un camion-bélier sur la foule rassemblée Promenade des Anglais avant d’être abattu par la police au terme de sa course meurtrière. Mohamed G. et Chokri C. encouraient vingt ans de réclusion.
Le troisième accusé qui comparaissait pour AMT, Ramzi A., a été condamné à douze ans de réclusion pour association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et trafic d’armes. Il était le seul à encourir la perpétuité car il se trouvait en situation de récidive légale en raison d’une condamnation à un an d’emprisonnement pour vol en 2014. Le Pnat avait également requis l’abandon de la qualification terroriste à son encontre, mais réclamé quinze ans de réclusion.
«Inspiration terroriste évidente»
Ramzi A., Niçois de 28 ans, avait reconnu avoir fourni un pistolet semi-automatique au tueur, qui s’en était servi le soir de l’attentat sans toutefois blesser quiconque. La cour a souligné la «gravité» de cette transaction mais a reconnu qu’il n’y avait «pas d’éléments permettant de déterminer qu’il pouvait avoir idée de la détermination djihadiste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel», leur relation étant récente. Dans son verdict, la cour a estimé que l’acte du chauffeur avait «une inspiration terroriste évidente», même si aucune allégeance ni aucun lien avec une organisation terroriste n’ont pu être mis en évidence. Son acte avait été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
Souvent clairsemée depuis le début des débats le 5 septembre, la salle d’audience «grands procès» du Palais de justice de Paris était pour la première fois bondée mardi. Plusieurs parties civiles portaient un T-shirt sur lequel figurait un coeur composé des noms des victimes.
Applaudissements dans la salle
Des applaudissements ont retenti après l’annonce de la peine infligée à Chokri C., avant le recadrage du président Raviot. «Pas de manifestations s’il vous plaît, on est dans une salle d’audience, ce n’est pas admissible. La justice a besoin de sérénité», a-t-il souligné.
Plus de 2500 parties civiles se sont constituées au procès. Les cinq autres accusés ont été reconnus coupables de trafic d’armes ou d’association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et condamnés à des peines allant de deux à huit ans d’emprisonnement. Le Pnat avait requis de deux à dix ans à leur encontre.