Diplomatie«Réalistes mais pas naïfs»: Berlin change de cap dans sa stratégie avec la Chine
Berlin a présenté ce jeudi sa nouvelle ligne conductrice face à une Chine «plus offensive». Objectif: décroître sa dépendance à Pékin.
L’Allemagne a dévoilé jeudi ses nouveaux axes stratégiques face à une Chine «plus offensive», avec l’adoption en Conseil des ministres d’un document visant à redéfinir ses relations avec Pékin. «Notre objectif n’est pas de nous découpler (de Pékin). Mais nous voulons réduire les dépendances critiques à l’avenir», a tweeté M. Scholz après avoir présenté la nouvelle stratégie qui, selon lui, «réagit à une Chine qui a changé et qui se montre plus offensive». «Pour nous, la Chine est et reste un partenaire, un concurrent et un rival systémique», a-t-il martelé.
Il s’agit avant tout de mettre en garde les entreprises allemandes contre une trop grande dépendance vis-à-vis du géant asiatique. En balayant un vaste éventail de sujets, allant de la politique climatique à celle des droits de l’homme, le gouvernement allemand veut se doter d’une «boussole» dans les relations bilatérales avec Pékin. «Nous sommes réalistes mais pas naïfs», a prévenu jeudi la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dans un discours à l’institut Mercator d’études sur la Chine (Merics) à Berlin.
Inquiétudes générales face à la dépendance chinoise
Cette nouvelle stratégie allemande intervient dans un contexte général d’inquiétudes croissantes en Europe vis-à-vis de la Chine, la Commission européenne ayant présenté il y a trois semaines une proposition pour durcir les instruments de sécurité économique face à ce pays. La crise du Covid en 2020 a révélé les fragilités des chaînes d’approvisionnement européennes, victimes de la fermeture des frontières en Chine, tandis que la guerre en Ukraine a montré le risque d’une dépendance à la Russie pour les fournitures de gaz. Néanmoins, les grandes entreprises allemandes, de l’industriel Siemens au chimiste BASF, en passant par les constructeurs automobiles, ne peuvent se priver de ce gigantesque marché de plus de 1,4 milliard d’habitants, où elles continuent d’investir massivement.
Ambiance électrique entre la Chine et le Royaume-Uni
Les services de renseignement chinois ciblent de manière «incessante et agressive» le Royaume-Uni, ce qui représente un «défi» pour les agences de renseignements britanniques, alerte jeudi la Commission sur le renseignement et la sécurité (ISC) du Parlement britannique.
Les relations entre Londres et Pékin se sont nettement dégradées ces dernières années. Les deux pays ont des positions divergentes sur la répression du mouvement pro démocratie à Hong Kong, le sort de la minorité musulmane ouïghoure en Chine ou encore sur les soupçons d’espionnage visant l’équipementier de télécommunications chinois Huawei.