Athlétisme: Qui sont les six atouts romands aux Européens d’athlétisme?

L’athlétisme suisse comptera sur ses stars Mujinga Kambundji, championne du monde en salle l’an passé à Belgrade sur 60 mètres et Simon Ehammer, vice-champion du monde en heptathlon, lors des Européens indoor d’Istanbul. Parmi les 23 sélectionnés suisses, six athlètes romands vont s’aligner pour se hisser en finale et pourquoi pas décrocher une médaille.

«Le mélange de génération, avec quinze ans d’écart en Audrey Werro et Pascal Mancini, montre la diversité de l’athlétisme suisse et surtout romand, se réjouit Kenny Guex. Nos athlètes sont performants dans plusieurs disciplines et les jeunes peuvent progresser sans pression car les leaders assument leur statut.» Le Vaudois, entraîneur en chef du sprint suisse, décrypte pour lematin.ch les six chances romandes en Turquie.

Le Vaudois avait réalisé l’exploit de sa carrière aux Mondiaux en salle de Belgrade, décrochant la médaille d’argent en mars passé. Il n’avait malheureusement pas pu confirmer lors de la suite de la saison en extérieur, éliminé notamment dès les qualifications aux Mondiaux d’Eugene (USA).

Le sauteur en hauteur de Sainte-Croix avait ensuite fait l’impasse sur les Européens de Munich en raison d’une cheville meurtrie. «Loïc a fait un bond à 2,20 m très encourageant cet hiver, il est en train de monter en puissance, souligne Kenny Guex. Ces concours de saut sont toujours très ouverts et il aura clairement de montrer son potentiel et de décrocher une médaille.»

À 27 ans, l’athlète du Lausanne-Sports affiche une forme étincelante. «Elle n’a jamais été aussi rapide de sa vie, s’enthousiasme Kenny Guex. C’est une juste récompense pour sa patience et son abnégation à poursuivre le travail, après une période plus compliquée.»

Car avant de réaliser - de loin - sa meilleure performance personnelle (7’’21) aux récents championnats de suisse en salle sur 60 mètres à St-Gall (2e derrière Mujinga Kambundji), la Suissesse a connu plusieurs désillusions.

Dont la plus grosse: celle des JO de Tokyo 2021, où elle n’avait pas été retenue pour les relais. «C’est en quelque sorte un deuxième départ de carrière pour elle, qui a initié un nouveau tournant vers le succès, poursuit celui qui l’entraîne régulièrement. Sarah a optimisé son départ, qui était son point faible. Et elle est extrêmement forte sur la deuxième partie de course, ce qui est de bon augure pour la saison extérieure sur 100 et 200 mètres.» 

À St-Gall, le 18 février, la Vaudoise de 21 ans a décroché le bronze aux championnats de Suisse sur 60 mètres. Déjà «bronzée» aux Mondiaux U20 (100 m), la Romande va vivre sa première compétition internationale dans l’élite. «L’ambition sera de passer un tour, elle doit courir à son meilleur niveau, sans stress et tenter d’améliorer son record personnel, souligne son coach. Après, cela va dépendre du niveau des adversaires et tout le reste sera du bonus!»

L’espoir du sprint suisse a réussi un sacré exploit pour se qualifier pour ces Européens d’Istanbul, car la concurrence au niveau national est énorme. Sept athlètes helvétiques avaient répondu aux critères qualificatifs et Swiss Athletics a décidé de sélectionner les trois premières des championnats de Suisse sur 60 mètres.

«Si on regarde les 52 meilleures performances européennes sur 60 mètres cet hiver, il y a dix Suissesses, se réjouit Kenny Guex. Nous avons été confrontés à un problème de riches au niveau de la sélection et nous n’avons pas l’habitude. Face à cette énorme densité, l’émergence de Melissa est impressionnante. Car la marche entre les juniors et l’élite est haute.» 

Le Fribourgeois de 33 ans est le doyen des Romands. Il vient pourtant de battre d’un centième (6’’58) le record de suisse du 60 mètres lors des championnats de Suisse à St-Gall. «Pascal (Mancini) a retrouvé une seconde jeunesse, il revient à un top niveau, souligne Kenny Guex. Cet hiver, il est dans la continuité de sa saison passée, où il avait été brillant sur 100 mètres et sur le relais 4 x 100 m, notamment au niveau de ses virages.»

Le sprinter broyard peut créer la sensation sur le 60 mètres des Européens, où il sera l’un des nombreux outsiders. «Il est très performant sur cette distance car il bénéficie de sa grosse accélération, analyse l’entraîneur en chef du sprint suisse. Son expérience des grands événements et sa capacité à gérer la pression, voire de se sublimer le jour J, font de lui un athlète médaillable.» 

C’est l’un des grands espoirs de l’athlétisme suisse. À 18 ans, Audrey Werro est vice-championne du monde junior du 800 mètres et championne d’Europe U20 dans la discipline. «C’est l’un des immenses talents et même si elle a encore une part d’apprentissage du haut niveau, Audrey (Werro) a pour elle l’insouciance», estime Kenny Guex.

La Fribourgeoise avait été éliminée en séries du 800 m des championnats d’Europe élites à Munich, l’été passé, alors qu’elle prenait part à sa première participation dans un événement international de ce niveau. La championne de Suisse 2023 en salle tentera de se hisser en finale. «Elle a le potentiel pour une place en finale, voire plus…», sourit le coach romand.

L’autre carte helvétique sur le 800 mètres est Valaisanne et plus expérimentée. Lore Hoffmann a pris part à plusieurs grands événements. La Sierroise de 26 ans s’était notamment classée 5e des Européens en salle en 2021 et avait atteint les demi-finales des Jeux olympiques à Tokyo la même année. L’an passé, elle a échoué au pied du podium, manquant la médaille de bronze européenne pour cinq centièmes.

«Comme Audrey (Werro), c’est une athlète discrète et les deux utilisent leur rivalité comme une force pour se tirer vers le haut, observe Kenny Guex. Sur 800 mètres, il y a tout l’aspect tactique qui a son importance le jour de course et qui permet de créer des opportunités. Là, son expérience et le fait qu’elle a couru plusieurs gros meetings à l’étranger cet hiver, pourraient lui être bénéfiques.»